Cambodge: Les ouvrières interpellent H&M, GAP & Cie sur la question salariale

Des milliers d’ouvriers et d’ouvrières protestent aujourd’hui contre la politique salariale de H&M, Adidas, GAP, Levis, C&A, Inditex et Puma. Vêtus de T-shirts portant leur revendication, ils demandent que le salaire minimum légal soit fixé à 177 dollars et appellent les principales entreprises clientes de l’industrie textile cambodgienne à se positionner clairement en faveur de ce montant plancher lors des prochaines négociations salariales, qui s’ouvriront le 1er octobre. La Campagne Clean Clothes (CCC) soutient ces revendications par des actions de solidarité en Europe.

La journée de protestation organisée aujourd’hui au Cambodge vient ponctuer une année de travail syndical soutenu. Fin 2013, les ouvriers et les ouvrières sont descendus dans la rue afin de demander une augmentation des salaires. Les manifestations se sont alors déroulées dans un contexte très tendu, marqué par la répression sanglante exercée par la police et l’armée à l’encontre des travailleurs et des travailleuses en grève. Quatre personnes sont décédées, près de quarante ont été blessées, et vingt-trois autres ont été emprisonnées. « Les marques font sans cesse pression sur les prix, pourtant déjà très bas. Il est grand temps que le salaire vital devienne une réalité. Fixer le salaire minimum légal à 177 dollars serait un premier pas dans cette direction », a expliqué Ath Thorn, président de C.CAWDU, le principal syndicat à l’origine des protestations.

Les syndicats cambodgiens et la Campagne Clean Clothes, coordonnée en Suisse par la DB, demandent à H&M, Adidas, GAP, Levis, C&A, Inditex et Puma, ainsi qu’à toutes les entreprises clientes de l’industrie textile cambodgienne, de soutenir publiquement l’augmentation du salaire minimum légal, aujourd’hui fixé à 100 dollars, à 177 dollars. Elles doivent en outre prendre les mesures suivantes pour s’orienter vers un salaire vital :

  • S’engager publiquement à produire à long terme au Cambodge, même en cas d’augmentation salariale.
  • Augmenter les prix d’achat à l’usine sur leur propre chaîne d’approvisionnement afin de permettre le versement d’un salaire minimum de 177 dollars aux ouvrières.
  • Entrer en négociations avec les syndicats cambodgiens et établir des conventions collectives de travail.

 En tant que principal client de l’industrie textile cambodgienne, H&M doit montrer l’exemple. En novembre 2013, le géant suédois présentait un plan d’action pour un « salaire vital équitable » et annonçait le lancement d’un projet-pilote au Cambodge. A ce jour, H&M n’a toutefois pas défini de référentiel en matière de salaire vital ni communiqué le montant qu’elle entend verser à ce titre. Les prochaines négociations autour du salaire minimum légal dans le secteur textile s’ouvriront le 1er octobre prochain. Jusqu’à présent, l’organisation patronale s’est toujours positionnée pour une augmentation du salaire minimum légal à 115 dollars. Malgré de nombreuses heures de travail, les quelque 500'000 ouvriers et ouvrières textiles que compte le pays restent prisonniers de la pauvreté. En raison de la forte pression sur les salaires, ces personnes souffrent souvent de malnutrition. Au Cambodge, il faudrait presque multiplier par quatre le salaire minimum légal actuel pour qu’il corresponde enfin à un salaire vital.

Plus d’informations ici ou auprès de : 
Géraldine Viret, Déclaration de Berne, 021 620 03 05, viret@ladb.ch

Lien:
Soutenez la revendication des ouvriers et ouvrières cambodgiennes en signant la pétition de la Campagne Clean Clothes!