Expropriations illégales et indemnisations misérables pour les victimes d’Ilisu

Lausanne et Zurich, 19.10.2007 - Le gouvernement turc a commencé à évacuer les premiers villages touchés par la construction du barrage d’Ilisu, à l’insu des offices concernés en Suisse, en Autriche et en Allemagne. Comme la Déclaration de Berne (DB) a pu le constater sur place, les conditions des agences de crédit d’exportation ont été intentionnellement ignorées.

La collaboratrice de la DB Christine Eberlein a visité récemment les villages d’Ilisu et de Karabayir. En parlant avec les habitants, elle a pu se faire une image de la situation dans la région: les expropriations battent déjà leur plein alors que les accords entre les assurances de risques à l’exportation et la Turquie ne sont pas encore finalisés. De plus, le gouvernement n’a offert aucune alternative de logement décente aux familles touchées, ne respectant pas les conditions des agences de crédit à l’exportation. Par conséquent, toutes les familles ont opté pour des indemnisations. Celles-ci sont cependant si basses qu’elles ne leur permettront pas de se construire une nouvelle vie. Les personnes expropriées se sentent lésées et ont porté plainte en justice. Un exemple est particulièrement révélateur: le chef du village d’Ilisu était venu défendre le barrage en Suisse l’année dernière, à l’invitation du consortium de construction d’Ilisu. Il exprime aujourd’hui dans une lettre aux autorités suisses sa colère et demande une réaction rapide.

Dans le nord-est de la Turquie, le Ministère turc à l’énergie hydraulique (DSI) a également proposé des lieux de relogement inacceptables aux personnes touchées par la construction du barrage de Yusufeli, alors qu’une décision sur une assurance à l’exportation suisse pour ce projet est encore pendante. La DB soupçonne par conséquent le DSI de ne pas désirer reloger les personnes déplacées, mais de vouloir systématiquement les expulser contre des indemnisations misérables. «Ce procédé est inacceptable et va à l’encontre des conditions convenues avec la Suisse», critique Christine Eberlein. «L’ensemble des conditions n’ont absolument aucune valeur si elles peuvent être ignorées aussi aisément par la Turquie», ajoute-t-elle. La DB demande aux agences de crédit à l’exportation de corriger immédiatement le comportement des autorités turques ou, si la mauvaise volonté persiste, d’arrêter ce projet.