La nouvelle stratégie énergétique de la Banque mondiale prévoit des investissements massifs dans les énergies fossiles

En théorie, la nouvelle stratégie de la Banque mondiale en matière d’énergie devrait permettre d’améliorer l’accès aux énergies renouvelables et respectueuses du climat dans les pays du Sud. Dans les faits, elle prévoit de soutenir des grands projets d’infrastructures, dont des centrales thermiques fonctionnant au charbon et au pétrole et des barrages hydroélectriques, notamment en Inde et dans les pays africains. La Déclaration de Berne dénonce le fait que ces projets sont en contradiction avec la lutte pour la protection du climat et qu’ils ont souvent des conséquences très négatives pour les populations des pays concernés.

La Banque mondiale est actuellement en plein processus de révision de sa stratégie énergétique. Celle-ci sert de base aux investissements et aux crédits octroyés par cette institution dans le domaine de l’énergie. Le 11 avril 2011, le comité pour l’efficacité du développement (Committee on Development Effectiveness – CODE) va se réunir afin de discuter de la première ébauche de la stratégie énergétique, qui devrait être adoptée en 2011 et rester en vigueur pour les 10 prochaines années. La Déclaration de Berne a adressé une lettre au directeur exécutif de la Suisse auprès du groupe de la Banque mondiale afin de suggérer une réorientation des objectifs et des améliorations allant dans le sens d’une meilleure protection des personnes et de l’environnement.

Si la Déclaration de Berne se réjouit que la Banque mondiale ne soutient désormais plus les centrales à charbon dans les pays à revenus intermédiaires, elle déplore le maintien de la promotion de ce type de production d’électricité dans les pays les plus pauvres de la planète. S’il est vrai qu’il s’agit de la forme de production d’électricité la moins chère, elle nuit gravement au climat et va clairement à l’encontre des objectifs affichés par la Banque mondiale, pour qui la lutte contre le changement climatique est cruciale dans l’optique du développement et de la réduction de la pauvreté. Il est urgent que cette institution retire de ses plans les investissements prévus dans les secteurs du charbon et du pétrole.

La Déclaration de Berne estime également que la Banque mondiale devrait se retirer des projets de grands barrages qu’elle soutient actuellement. Ceux-ci ont en règle générale des conséquences extrêmement négatives sur les populations locales et sur l’environnement, que la Banque Mondiale refuse pourtant systématiquement de prendre en compte.

Selon Christine Eberlein de la Déclaration de Berne, «la Banque mondiale doit arrêter de promouvoir des formes d’énergies nocives pour le climat et concentrer ses efforts sur le développement à grande échelle de la production décentralisée d’énergies renouvelables, telle que le photovoltaïque ou les petits barrages hydroélectriques. En tant qu’organisation internationale, financée par des Etats, elle se doit de montrer enfin l’exemple dans le domaine de l’énergie.»

La Déclaration de Berne présentera ses préoccupations lors des Réunions de printemps de la Banque mondiale qui se tiendront à Washington du 11 au 17 avril prochain. Parmi les thèmes abordés lors de ces réunions, la révision des standards environnementaux et sociaux de la Banque mondiale retiendra toute l’attention de la Déclaration de Berne. La question du rôle de cette institution dans des pays en reconstruction suite à des conflits armés, un thème prioritaire de la Direction du développement et de la coopération (DDC), sera également abordée lors de ces réunions de printemps.