Le produit phare Gramoxone de Syngenta sur le point d’être considéré officiellement comme pesticide extrêmement dangereux

Rome, Lausanne, le 01.04.2011 - Le Comité d’étude des produits chimiques de la Convention de Rotterdam, un groupe composé de 31 experts qui s’est réuni à Rome du 28 mars au 1er avril, recommande d’inclure dans son Annexe III les pesticides contenant 20% ou plus de Paraquat. Cette demande émane du Burkina Faso, du fait de très nombreux empoisonnements occasionnés par l’utilisation du produit Gramoxone Super de Syngenta (qui contient 20% de Paraquat). Cette inscription permettrait d’envisager que de nombreux pays en développement interdisent l’importation du Paraquat, diminuant ainsi massivement le nombre de victimes de cette substance sur le plan mondial.

Lors d’une enquête effectuée au Burkina Faso, 296 empoisonnements liés à l’utilisation de pesticides ont été répertoriés, dont 20% étaient dues au Gramoxone Super. La plupart des agriculteurs interviewés au Burkina Faso sont analphabètes, et donc dans l’incapacité de lire les instructions d’utilisation. Dans de nombreux cas, l’équipement de protection individuelle utilisé était insuffisant ou inexistant. Le port simultané de masques filtrant à cartouche, de gants, de bottes, de combinaison et de lunettes, tel que figurant dans les instructions d’utilisation, ne s’est concrétisé que dans 0.3% des cas. Les symptômes signalés par les victimes comprenaient des brûlures cutanées, de la fièvre, des vertiges, des pertes de conscience, des difficultés respiratoires, des troubles visuels, des vomissements, notamment. Le Comité a souligné le fait que des conditions similaires au Burkina Faso prévalent dans d’autres pays et régions. Ainsi, au Salvador par exemple, chaque année une moyenne de 344 intoxications dues au Gramoxone a été signalée entre 2005 et 2010.«La vente de produits à base de Paraquat dans de telles conditions représente une violation claire du Code de conduite de la FAO, et devrait être stoppée immédiatement par l’industrie des pesticides» souligne Sarojeni Rengam du Pesticide Action Network. Le Paraquat est déjà interdit dans plusieurs pays, dont ceux de l’Union européenne et la Suisse.Le Comité a pris sa décision malgré l’opposition des représentants de Syngenta présents à Rome. Durant la réunion, le fabricant suisse de pesticides, le principal producteur mondial du Paraquat, a essayé à plusieurs reprises, en vain, de minimiser les effets négatifs de son produit et d’inciter le Comité à disqualifier la demande du Burkina Faso.Selon François Meienberg de la Déclaration de Berne, «le lobby de Syngenta est irresponsable, dans la mesure où il tente de priver les pays en développement de leur droit de disposer de toutes les informations sur les dangers du Paraquat, et de prendre des décisions éclairées sur les restrictions d’importation de ce produit hautement nocif».Si les pesticides contenant 20% ou plus de Paraquat sont listés comme préparations extrêmement dangereuses («severely hazardous pesticide formulation») par la Convention de Rotterdam, tous les pays ont alors la possibilité d’interdire leur importation. L’expérience montre que de nombreux pays en développement saisissent cette opportunité pour rejeter l’importation de pesticides dangereux.Le Comité doit maintenant rédiger une note décisionnelle, qui devra ensuite être validée par la Conférence des Etats signataires en 2013.

Pour en savoir plus:

La Déclaration de Berne, le Pesticide Action Network Asia Pacific et le Pesticide Action Network UK ont publié une nouvelle mise à jour du rapport «Paraquat – Unacceptable health risks for users».

Contacts:

  • François Meienberg, Déclaration de Berne, +41 44 277 70 04 oder +41 79 796 76 12; food[at]evb.ch
  • Chela Vazquez, Pesticide Action Network Asia Pacific, +39 604-657 0271 , chela.vazquez[at]panap.net