Scandale pour l’entreprise H&M : 21 morts dans une usine au Bangladesh

Lausanne / Gazipur, le 12 mars 2010 - Le 25 février dernier, un incendie dévastateur faisait 21 morts et 50 blessés dans une usine au Bangladesh qui produit pour H&M. Avec la Campagne Clean Clothes, la DB demande aujourd’hui à l’entreprise textile de procéder à un examen en profondeur des mesures de sécurité et de dédommager convenablement les victimes et leurs familles.

Il y a deux semaines environ à Gazipur, un court-circuit mettait le feu au premier étage de l’usine de Garib&Garib, fournisseur de l’entreprise suédoise H&M. Du matériel hautement inflammable était entreposé sans aucune précaution et l’incendie gagnait bientôt l’ensemble du bâtiment. Une situation dramatique, d’autant plus que les sorties de secours étaient bloquées et les extincteurs totalement hors d’usage, laissant les employés prisonniers à l’intérieur périr dans les flammes.

Pour la Campagne Clean Clothes (CCC), H&M porte une grande responsabilité, car elle n’a pas effectué de contrôles sérieux et conséquents chez ses fournisseurs. Alors que l’entreprise suédoise affirme que sa dernière visite, en octobre 2009, n’avait révélé aucune défaillance au niveau de la sécurité, d’autres grandes marques du secteur textile, comme l’entreprise canadienne Marks Workwear House et le géant états-unien Walmart, ont déclaré avoir cessé de travailler avec Garib&Garib précisément en raison des mauvaises conditions de sécurité qui règnent chez ce fournisseur. Pourtant, aucune des entreprises concernées n’a pris les mesures nécessaires pour éviter le drame.

Le 7 mars, les familles des personnes décédées dans l’incendie ont touché 200 000 Taka, soit 3000 francs, un dédommagement bien maigre pour la perte douloureuse d’une mère, d’un père ou d’un mari. Pour assurer la subsistance des travailleurs blessés et des familles en deuil, il est impératif qu’une solution à long terme soit trouvée, et celle-ci doit inclure des versements réguliers. De plus, afin d’éviter qu’un tel drame ne se reproduise, les employés doivent être impliqués dans les contrôles de sécurité, ce qui nécessite un renforcement de leur représentation syndicale.

Cet incendie dramatique n’est ni une surprise ni un cas isolé. Depuis longtemps, l’industrie textile au Bangladesh est connue pour ses conditions déplorables, tant au niveau des mesures sanitaires que de sécurité. En août 2009 déjà, un incendie avait éclaté chez Garib&Garib, faisant un mort et sept blessés. Alors que, depuis 2000, 230 personnes au Bangladesh sont décédées dans des tragédies similaires, la Campagne Clean Clothes et ses partenaires bangladeshis demandent depuis longtemps la mise en œuvre de normes de sécurité claires et contraignantes.

La CCC lance aujourd’hui un appel urgent au niveau européen pour demander à H&M, au gouvernement bangladeshi et à la direction de Garib&Garib d’assurer un dédommagement à long terme aux familles des victimes et d’ouvrir une enquête pénale.