Retour à l’expéditeur: le conteneur rempli d'air pollué est arrivé à Anvers

Le négociant suisse en matières premières Trafigura vend des carburants toxiques en Afrique. Les conséquences sur la santé de la population sont désastreuses. Public Eye et ses partenaires africains ont décidé de renvoyer à l’expéditeur un conteneur rempli d’air pollué du Ghana. Par cette action symbolique, ils entendent dénoncer le modèle d’affaires illégitime des négociants, qui profitent de la faiblesse des normes africaines pour y commercialiser des carburants qui ne pourraient jamais être vendus en Europe. Après un long voyage en bateau depuis le port de Tema, le conteneur est arrivé aujourd'hui à Anvers, en Belgique.
© © Eric de Mildt

Notre campagne attise les débats dans la zone ARA (Amsterdam-Rotterdam-Anvers)

La campagne « Retour à l’expéditeur » a permis de lancer des débats non seulement dans les pays africains concernés et en Suisse, mais aussi dans la zone d’Amsterdam-Rotterdam-Anvers (ARA). Car c’est dans cette région que se concentre la production des carburants « de qualité africaine » avant leur exportation vers l’Afrique. Les négociants suisses jouent un rôle déterminant dans ce commerce. Ils ont beaucoup investi dans la zone ARA et acheté divers entrepôts et des raffineries. Ils dominent en outre les livraisons à destination de l’Afrique de l’Ouest.

Le rapport Dirty Diesel publié en septembre par Public Eye a mis pour la première fois en lumière un modèle d’affaires des plus opaques, que les autorités et milieux politiques ne peuvent plus ignorer. La ministre néerlandaise du Commerce extérieur et de la Coopération pour le développement, Lilianne Ploumen, a qualifié le dossier de « grave scandale » et affirmé que les entreprises concernées devraient avoir honte. Les responsables du port d’Amsterdam refusent cependant de prendre des mesures. Mais ils n’auront certainement pas le dernier mot. Le 26 octobre, le conseil municipal d’Amsterdam (la ville est propriétaire du port) a discuté de ce rapport. Les représentants de cinq parties composant la majorité du conseil se sont montrés préoccupés par le rôle important que joue le port dans la production et l’exportation de carburants toxiques destinés à l’Afrique, et ont convenu que ces pratiques devaient cesser. Ils ont suggéré diverses mesures allant de l’adoption d’un code de conduite ou d’une convention contraignant les entreprises actives dans le port à cesser la production de carburants de « qualité africaine », à l’implication du gouvernement néerlandais pour qu’il fasse cesser ce négoce. La prochaine étape consistera à soumettre au vote du conseil une motion officielle à la mi-novembre, avec pour objectif de mettre un terme à la complicité d’Amsterdam dans ce modèle d’affaires illégitime. 

Trafigura garde le silence – le conteneur s’approche de Genève

Trafigura, qui s’est fixé l’objectif de devenir « un leader en matière de responsabilité sociale d’entreprises », se refuse toujours à tout commentaire. Le négociant se cache derrière les différences de standards et l’argument du caractère légal de la vente de carburants toxiques en Afrique. Près de 17 000 personnes ont déjà signé la pétition pour demander à Trafigura de faire un premier pas concret : commercialiser uniquement des carburants conformes au standard européen, partout dans le monde.    

Aidez-nous à convaincre Trafigura de cesser de produire et de vendre des carburants toxiques en signant la pétition et en invitant votre entourage à faire de même !

La conteneur rempli d’air pollué d’Accra a embarqué sur un train à destination de la Suisse et atteindra bientôt sa destination : Genève, où son contenu sera remis à Trafigura avec la pétition.