Un immense succès: les pays ouest-africains abaissent la limite de soufre autorisée

© Carl De Keyzer / MAGNUM
La faiblesse des standards en vigueur en Afrique a permis aux négociants suisses de vendre des carburants toxiques et de réaliser des profits substantiels au détriment de la santé de millions de personnes. Notre enquête «Dirty Diesel» a contribué à la décision d’abaisser la limite de teneur en soufre autorisée dans plusieurs États ouest-africains, et ainsi à l’amélioration de la qualité de l’air respiré par des millions de personnes.

Bien que légales, les pratiques des négociants suisses n’en restent pas moins illégitimes, car elles violent le droit à la santé de la population africaine. En réaction à un volumineux rapport de la police néerlandaise de l’environnement, qui confirme l’intégralité de notre enquête, le directeur du Programme des Nations Unies pour l’environnement Erik Solheim a déclaré en 2018:

«Les produits de mauvaise qualité ne doivent pas être vendus, même s’ils sont conformes aux standards nationaux.»

Car les sociétés qui les commercialisent réalisent des profits substantiels au détriment de la santé de millions d’Africains et Africaines, qui ont pourtant le même droit à la santé que nous.

Malgré l’attitude irresponsable des négociants suisses, qui n’ont pas voulu renoncer à leur modèle d’affaires lucratif, Public Eye et ses partenaires ont remporté un grand succès. Nos révélations, largement relayées par les médias dans de nombreux pays, ont déclenché une vague d’indignation en Afrique. Avec nos partenaires au Ghana, au Nigeria, au Mali et en Côte d’Ivoire, nous nous sommes engagés avec détermination pour l'adoption de normes plus strictes pour les carburants. En 2017 déjà, sous la pression de l’opinion publique, le Ghana a divisé par soixante la teneur en soufre autorisée dans le diesel importé. Cette décision essentielle a ouvert la voie à d’autres gouvernements d’Afrique de l’Ouest.

Nos révélations ont également alerté la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). En février 2020, les ministres de l’Environnement et du Pétrole ont adopté de nouveaux standards contraignants pour les carburants importés, qui sont entrés en vigueur le 1er janvier 2021. La limite de teneur en soufre autorisée pour le diesel et l’essence a été abaissée à 50 particules par millions (ppm), le seuil avec lequel les catalyseurs et filtres à particules fonctionnent. Cette limite plus stricte, associée à de nouvelles normes adoptées pour l’importation de voitures d’occasion, permettra de réduire massivement la pollution atmosphérique.

Enquête, plaidoyer et campagne Public Eye met en lumière les affaires sombres du secteur des matières premières