Une meilleure protection pour les couturières au Pakistan

L’Accord international pour la santé et la sécurité dans l’industrie textile est étendu au Pakistan. Cet accord juridiquement contraignant conclu entre syndicats et enseignes de la mode permettra aux travailleuses et travailleurs de l’industrie textile pakistanaise de bénéficier d’importantes nouvelles mesures de protection, comme c’est déjà le cas depuis bientôt dix ans au Bangladesh.
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Après des années de lutte, l’extension au Pakistan de l'Accord international pour la santé et la sécurité dans l’industrie textile a enfin été annoncée en décembre 2022. Il se base sur l’Accord sur la protection contre les incendies et la sécurité des bâtiments au Bangladesh (accord du Bangladesh), signé après l’effondrement du Rana Plaza en 2013, le drame qui a coûté la vie à 1138 personnes. Cet accord a changé l’industrie textile au Bangladesh: d’importantes mesures de sécurité ont été introduites dans plus de 1600 usines textiles employant un total de 2,5 millions de personnes.

Des bâtiments dangereux, au Pakistan aussi

L’incendie de l’usine Ali Enterprises, à Karachi en 2012, est la pire tragédie jamais survenue dans l’industrie textile pakistanaise: 254 personnes ont péri dans les flammes qui ont ravagé les locaux. Comme lors de l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, les systèmes de contrôle volontaires des enseignes de la mode (audits des usines) n’ont pas suffi à protéger les travailleuses et travailleurs. Dans les fabriques pakistanaises, la sécurité des bâtiments est déplorable: des accidents, parfois mortels, surviennent régulièrement, comme le montre le rapport de la Campagne Clean Clothes «Deadly Safety Hazards», publié en novembre 2022. Il était donc urgent que l’Accord international pour la santé et la sécurité dans l’industrie textile soit étendu au Pakistan.

Responsabilité, valeur juridique et transparence

Comme l’accord international, celui du Pakistan prévoit des mécanismes centraux de responsabilité pour améliorer la sécurité des travailleuses et travailleurs du textile.

L’accord du Pakistan:

  • impose des inspections exhaustives portant sur la santé et la sécurité, suivies de plans de rénovation pour remédier aux risques, avec un échéancier de mise en œuvre;
  • garantit que les fournisseurs aient les moyens à disposition pour payer les travaux de rénovation;
  • donne aux travailleuses et travailleurs la possibilité de signaler, en toute confidentialité, des problèmes relatifs à leur sécurité et leur santé, et d’obtenir rapidement de l’aide;
  • est particulièrement transparent;
  • donne un caractère juridiquement exécutoire aux engagements des enseignes de la mode.

Toutes les enseignes doivent signer l’accord

Toutes les marques qui font produire au Pakistan sont invitées à signer l’accord, afin de garantir la santé des travailleuses et travailleurs et la sécurité des fabriques dans lesquelles leurs articles sont confectionnés. Si l’accord du Bangladesh est en vigueur depuis 2013, les travailleuses et travailleurs de l’industrie textile pakistanaise ont dû attendre cette importante avancée pendant toute une décennie. «Si suffisamment d’enseignes signent l’accord, les travailleuses et travailleurs n’auront plus à craindre pour leur vie et sauront à qui s’adresser si leur fabrique présente des risques. La force de l’accord réside dans le fait que les syndicats ont autant de pouvoir que les entreprises dans les prises de décisions», précise Nasir Mansoor, secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats du Pakistan.

Le modèle de cet accord juridiquement contraignant doit également être étendu à d’autres pays. C'est pourquoi toutes les enseignes de la mode devraient signer l’Accord international pour la santé et la sécurité, même si elles ne s’approvisionnent pas ou peu au Bangladesh ou au Pakistan. Cette mauvaise excuse, utilisée depuis longtemps par les marques pour se défiler, est désormais bel et bien obsolète. Nous espérons que les travailleurs et travailleuses des autres principaux pays producteurs ne devront pas attendre dix ans de plus pour que leur lieu de travail soit enfin sécurisé.