60 ans de la BM et du FMI: aucune raison de fêter!

Lausanne, 20.04.2004 - En juillet 1944, la Conférence de Bretton Woods a créé la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). En prévision de leur réunion de printemps de cette fin de semaine, la Déclaration de Berne et le Réseau international des cours d’eau (International Rivers Network – IRN, USA) font un bilan critique des activités des institutions financières internationales.

60 ans n’est pas une raison de fêter. Les institutions financières internationales sont en pleine contradiction depuis leur fondation en 1944. Elles prônent la démocratie, mais leur fonctionnement ne l’est pas. Elles affirment combattre la pauvreté, mais sont en fait au service de l’économie. Elles ont l’obligation selon leurs statuts de pas se mêler de la politique intérieure des pays membres, mais les crédits qu’elles accordent sont liés à des programmes d’ajustement structurels qui modifient considérablement les politiques économiques et les structures sociales des pays endettés.

La Déclaration de Berne et l’International Rivers Network demandent donc à la veille de la réunion de printemps de la Banque mondiale et de Fonds monétaire international :
1. Une réforme du processus de désignation des directeurs de la Banque mondiale et du FMI. Alors qu’en 2000, la FMI avait mis en route une réforme de la nomination de son directeur afin que la recherche de cette personne soit structurée et démocratique, rien n’a changé depuis lors. Aujourd’hui les pays européens cherchent entre eux, comme d’habitude, un nouveau directeur. La Déclaration de Berne demande que la Suisse défende une candidature qui garantisse une réelle prise en compte des intérêts des pays en développement. Elle se féliciterait d’une candidature des pays du Sud.
2. Un réel désendettement des pays du Sud. Jusqu’à présent les initiatives de désendettement n’ont pas atteint leurs objectifs. C’est pourquoi la Déclaration de Berne demande que le niveau de la dette soutenable défini par le FMI ne soit pas encore élevé comme il en est aujourd’hui question, mais soit au contraire baissé et tienne également compte du niveau des dépenses nécessaires au combat contre la pauvreté. Le remboursement de la dette ne doit être effectué qu’une fois le financement de la réalisation des objectifs du Millénium assuré.
3. Une prudence effective pour les grands projets à risque. La Banque mondiale avait, dans les années 90, pris enfin acte des risques liées aux grands projets d’infrastructure, en particulier les grands barrages. Aujourd’hui elle semble revenir en arrière. Elle examine la possibilité de soutenir le barrage de Omkareshawar dans la vallée du Narmada en Inde. La Déclaration de Berne demande que le membre suisse du conseil exécutif de la Banque mondiale prenne position en faveur de la recherche d’alternatives aux grands projets et de l’intégration de la population concernée aux négociations relatives à ces projets à leurs alternatives comme le demande d’ailleurs les directives internes de la Banque mondiale.