Des représentants d'Indonésie et de Thaïlande s'inquiètent des conséquences négatives des accords de libre-échange de l'AELE

Lausanne, 08.06.2006 - A l’invitation de la Déclaration de Berne, des représentants d’Indonésie et de Thaïlande sont actuellement en Suisse afin de mettre en garde contre les probables conséquences négatives des futurs accords de libre- échange des pays de l’AELE sur leurs pays respectifs. Les pays de l’AELE doivent revoir leurs demandes envers la Thaïlande et l’Indonésie. Ils doivent prendre en compte les droits humains des populations et le niveau de développement des pays concernés, et non se centrer uniquement sur leurs propres avantages économiques.

Lors d'une conférence de presse à Berne, organisée par la Déclaration de Berne, le Dr. Alexander C. Chandra de l’Institute for Global Justice (IGJ) en Indonésie a qualifié de prématuré l'accord de libre-échange envisagé entre l’AELE (Suisse, Norvège, Liechtenstein, Islande) et l’Indonésie. Avant de libéraliser davantage, l'Indonésie devrait d'abord analyser les effets de l'accord de libre-échange de l’ASEAN qui entrera en vigueur en 2008. De plus, plusieurs secteurs de l'économie indonésienne risquent de pâtir de l'exposition à la concurrence internationale, entraînant des pertes d'emploi massives. “La libéralisation du secteur financier est particulièrement problématique” note Revrisond Baswir, directeur du Centre for Economic Democracy Studies de l’Université Gadjah Mada à Yogyakarta. “La crise asiatique a montré qu'il fallait faire preuve de la plus grande prudence dans ce domaine. ”

Les négociations en vue d'un accord de libre-échange entre la Thaïlande et les pays de l'AELE ont déjà débuté. Selon la Prof. Jiraporn Limpananont, de l'Université de Chulalongkorn à Bangkok, les malades du sida risquent d'être affectés par l'accord si celui-ci rend plus difficile l'accès aux médicaments génériques. Les demandes de l'AELE pour prolonger la durée des brevets et pour instaurer des périodes de protection exclusive des données d'essais pour la mise sur le marché des médicaments sont particulièrement problématiques. “Un pays dont 560'000 adultes sont porteurs du VIH ne doit pas limiter la possibilité de s'approvisionner en médicaments bon marché.” Witoon Lianchamroon, directeur de l’ONG thaïlandaise Biothai, fait remarquer que les demandes de l’AELE pour la protection de brevets sur les plantes et les animaux restreindront l'accès aux semences et aux aliments et renforceront le pouvoir des entreprises multinationales. Heureusement, il semblerait que l'AELE ait retiré ses demandes en matière de semences et de biotechnologie.

Aujourd'hui, ces représentants de la société civile indonésienne et thaïlandaise ont discuté avec des parlementaires suisses et des responsables de l’administration fédérale. Ils feront de même au Liechtenstein demain, puis en Norvège au début de la semaine prochaine.