La Suisse doit suspendre l’accord de libre-échange avec la Chine

La Société pour les peuples menacés, Alliance Sud et Public Eye demandent la suspension de l’accord de libre-échange avec la Chine, tant que les camps de détention des Ouïghours au Turkestan oriental (Xinjiang) n'ont pas été pas fermés. Le Conseiller national Fabian Molina (PS/ZH) a déposé une motion en ce sens aujourd'hui à Berne.
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Les China Cables ont apporté la preuve irréfutable de l’existence de camps où un à trois millions de Ouïghours sont retenus contre le volonté. Une partie des détenus est soumise au travail forcé. La semaine dernière à Berne, Dolkun Isa, le président du Congrès mondial ouïghour, a demandé à la Suisse de reconsidérer ses relations économiques avec Pékin, à commencer par l’accord de libre-échange que la Suisse a signé en 2013.

Compte tenu de la grave crise des droits humains dans la région du Turkestan oriental (Xinjiang), la Société pour les peuples menacés, Alliance Sud et Public Eye demandent aux autorités suisses:

  1. de suspendre l’accord de libre-échange avec la Chine tant que les camps des Ouïghours n’ont pas été fermés. Le risque est trop grand que des produits issus du travail forcé arrivent sur le marché helvétique et bénéficient de surcroît de privilèges douaniers dans le cadre de l'accord de libre-échange. Le Conseiller national Fabian Molina (PS/ZH) a déposé aujourd'hui une motion au Parlement qui demande la suspension de l’accord de libre-échange tant que les camps n'ont pas été fermés et que le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme n'a pas libre accès au Turkestan oriental (Xinjiang). Il s'agit d'une recommandation que la Suisse avait déjà faite elle-même lors de l’Examen périodique universel de la Chine en 2018.
  2. d'obliger les entreprises suisses à respecter leur devoir de diligence raisonnable: les socitétés actives au Turkestan oriental (Xinjiang) doivent être en mesure de prouver qu’elles ont pris toutes les mesures nécessaires pour éviter que leurs activités ne mènent à des violations des droits humains. Selon China File, 68 groupes européens sont présents au Xinjiang, dont plusieurs sociétés suisses: ABB, Chubb, Nestlé, Louis Dreyfus, Roche, Novartis, UBS et SwissRe.
  3. de suspendre le protocole d’entente s’inscrivant dans la «Belt and Road Initiative» (BRI, initiative route et ceinture), signé en avril 2019. Ce protocole prévoit une collaboration entre la Suisse et la Chine pour soutenir des entreprises dans le développement d’infrastructures dans des pays tiers, en particulier en Asie centrale.
  4. de prendre des mesures concrètes pour que les Ouïghours ne soient ni surveillés, ni intimidés en Suisse.

Du point de vue des trois organisations, ces mesures sont indispensables pour éviter que la Suisse et ses sociétés ne se rendent indirectement complices de violations des droits humains au Xinjiang. Selon le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), à l'origine des China Cables, il s'agit la pire détention de masse d'une minorité ethnique et religieuse depuis la Seconde Guerre mondiale.

Plus d'information auprès de:

  • Thomas Braunschweig, responsable Politique commerciale, Public Eye, 044 277 79 11
  • Angela Mattli, responsable de campagne, Société pour les peuples menacés, 079 378 54 30
  • Isolda Agazzi, secteur du commerce et de l'investissement, Alliance Sud, 079 434 45 60