Le «Good Growth Plan» de Syngenta: une simple opération de greenwashing

Il y a une année, Syngenta lançait en grande pompe son «Good Growth Plan», une feuille de route en six points pour une croissance responsable. Alors que la multinationale agro-alimentaire présente aujourd’hui à Berne un premier bilan, l’analyse détaillée publiée par la DB montre que ce plan est avant tout une vaste opération de relations publiques destinée à soigner l’image de la firme. En définissant les objectifs et les indicateurs de manière très sélective, Syngenta ne tient pas compte des conséquences négatives de ses produits et de son modèle d’affaires pour les êtres humains et l’environnement.

Même si les objectifs du «Good Growth Plan» de Syngenta étaient atteints d’ici 2020, cela ne signifierait pas une conduite des affaires responsable et durable. Les objectifs, les mesures et les indicateurs définis par l’entreprise bâloise ne garantissent pas que celle-ci assume ses devoirs de diligence en matière de droits humains et de protection de l’environnement. Dans son plan, Syngenta propose par exemple d’aider les abeilles en plantant des champs de fleurs sauvages afin de favoriser la biodiversité. Elle se garde toutefois d’aborder les questions fondamentales relatives aux conséquences négatives de ses propres produits et de sa politique d’entreprise.

Alors qu’en 2013, les pesticides représentaient 75% de son chiffre d’affaires, la firme bâloise ne remet pas en question la vente de produits hautement toxiques aux agriculteurs et agricultrices, qui ne disposent souvent pas des moyens de protection et de la formation nécessaires pour les utiliser en toute sécurité. La pollution de l’eau engendrée par les pesticides est également passée sous silence, tout comme les problèmes causés par l’industrialisation de l’agriculture accélérée par l’utilisation croissante de semences génétiquement modifiées. Soucieuse de «relever les grands défis de la planète et de ses populations», Syngenta insiste notamment sur sa contribution à la sécurité alimentaire. Or, la firme bâloise réalise près de la moitié de son chiffre d’affaires avec des produits principalement destinés à nourrir le bétail ou à la production d’agro-carburants, et non à l’alimentation humaine.

La mise en œuvre des Principes directeurs de l’ONU relatifs aux entreprises et aux droits humains est l’un des piliers centraux d’une politique d’entreprise responsable. Pourtant, Syngenta ne prend aucune mesure concrète pour assumer ses devoirs. L’analyse de la Déclaration de Berne montre que le «Good Growth Plan» est avant tout une vaste opération de greenwashing destinée à soigner l’image de la firme, plutôt qu’une stratégie visant à remettre en cause et à améliorer ses pratiques. A l’heure où de nombreuses organisations internationales appellent à un changement de paradigme dans l’agriculture, Syngenta freine ces réformes essentielles et défend ses intérêts économiques, sous couvert de durabilité.

Plus d’informations auprès de:

  • François Meienberg, Déclaration de Berne, 044 277 70 04, food@evb.ch

A télécharger:

http://issuu.com/declarationdeberne/docs/2014-09-18_pf-bd-syngenta-good-grow/0