Les syndicats et les ONG demandent que les Critères de production durable pour l'huile de palme n'autorisent pas les pesticides hautement toxiques

L'UITA* et la Déclaration de Berne** demandent des changements fondamentaux dans les "Principes et critères pour la production durable d'huile de palme". La version proposée autorise l'usage de pesticides hautement toxiques qui sont extrêmement nocifs pour la santé humaine et l'environnement. Sous leur forme actuelle, les critères protègent les intérêts de l'industrie des pesticides qui cosponsorise l'initiative plutôt que la santé des travailleurs des plantations d'huile de palme. Ils n'encourageront pas la production durable. Leur révision s'impose.

Fin novembre 2005, la "Table ronde sur l'huile de palme durable" (Roundtable on Sustainable Palm Oil - RSPO), initiée par le WWF et soutenue par plusieurs producteurs, détaillants et autres parties prenantes, va discuter les "Principes et critères pour la production durable d'huile de palme" lors d'une réunion à Singapour. Le projet de proposition requiert seulement des producteurs qu'ils cherchent des alternatives aux pesticides contenant des toxines de classe 1 mais pas qu'ils interdisent ces substances. Sous sa forme actuelle, la proposition autorise ainsi l'usage continu de paraquat, un herbicide non sélectif largement utilisé dans les plantations d'huile de palme, connu pour empoisonner chaque année des milliers de travailleurs des plantations et de petits paysans. Le paraquat est aussi responsable d'une partie substantielle des dizaines de milliers de décès annuels liés aux pesticides. Il provoque des effets irréversibles en cas de pénétration dans l'organisme par la peau ou les poumons ou en cas d'ingestion. Plusieurs pays interdisent le paraquat. La dernière interdiction en date prendra effet en Malaisie en 2007.

Les syndicats de travailleurs agricoles dans le monde, chapeauté par l'UITA (Union internationale des travailleurs de l'alimentation, de l'agriculture, de l'hôtellerie- restauration, du tabac et des branches connexes), demandent depuis des années l'interdiction du paraquat. "Il n'y a pas de place pour le paraquat dans une agriculture socialement et environnementalement durable" a déclaré le Secrétaire Général de l'UITA Ron Oswald. Tous les labels et critères reconnus dans le secteur agricole qui certifient une production durable, prennent ses préoccupations plus sérieusement: ils ont explicitement banni l'usage des pesticides les plus toxiques y compris le paraquat. La Fair Trade Labelling Organisation (FLO), la Rainforest Alliance (qui certifie la marque Chiquita), et le Common Code for the Coffee Community lancé récemment ont tous conclu que l'usage du paraquat est incompatible avec une production durable.

Les "Principes et critères pour la production durable d'huile de palme" ne reflètent en aucune manière ces préoccupations concernant le paraquat. Aucun autre label n'est aussi faible sur les critères pour les pesticides. Le lien de la Table ronde (RSPO) avec l'industrie agro-chimique pourrait être une des raisons de cette faiblesse. Après tout, le dîner officiel de la rencontre de RSPO est sponsorisé par Syngenta, le premier producteur mondial de paraquat. Même s'il paraît inconvenant de mordre la main qui vous nourrit, les participants devraient décider quels intérêts ils vont défendre: ceux de l'industrie des pesticides ou ceux des travailleurs des plantations pour qui seule une production sans paraquat est véritablement durable.

* L’Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes (UITA) est une fédération syndicale internationale regroupant 353 organisations syndicales affiliées dans 125 pays, pour un effectif total de plus de 2,7 millions de membres. Son siège est à Genève, en Suisse.Adresse: 8 Rampe du Pont Rouge, Petit Lancy, CH-1213 GenèveTél: +41 22 793 22 33; Fax: +41 22 793 22 38; Courriel:iuf@iuf.org ; Web: www.iuf.org

** La Déclaration de Berne (DB) est une association suisse de 19'000 membres qui informe et fait pression en Suisse en vue de changer les comportements de l’Etat et des entreprises à l'égard des pays du Sud. Elle mobilise le public par des campagnes et des actions. Elle intervient dans les médias et interpelle les décideurs économiques et politiques. Ses secrétariats sont à Lausanne et à Zurich.Adresse (Lausanne): Rue de Genève 52, CH-1004 LausanneTél. +41 21 320 03 03; Fax: + 41 320 03 00; Courriel: info@ladb.ch; Web: www.ladb.chAdresse (Zurich): Quellenstrasse 25, Case postale, CH-8031 ZurichTél: +41 44 277 70 00; Fax: +41 44 277 70 01; Courriel: info@evb.ch; Web: www.evb.ch