Rana Plaza: les entreprises mettent en danger le fonds d’indemnisation

Deux ans après l’effondrement du Rana Plaza, au Bangladesh, les géants de l’industrie textile continuent de priver les survivants et les familles des victimes d’une indemnisation suffisante. Il manque encore 6 millions de dollars au fonds d’indemnisation piloté par l’OIT. Cette attitude irresponsable renforce les souffrances des personnes touchées par ce drame et compromet la mise en place d’un système d’assurance sociale pour couvrir les accidents du travail.

Lausanne, le 22 avril 2015

Le 24 avril aura lieu la deuxième commémoration de l’effondrement du Rana Plaza, la pire tragédie dans l’histoire de l’industrie textile. Depuis la signature de l’Accord sur la sécurité des bâtiments et la protection contre les incendies au Bangladesh, en réaction à ce drame, on observe de nombreux développements en matière de sécurité des bâtiments dans ce pays. A ce jour, plus de 1250 usines ont été inspectées par des ingénieurs indépendants, et quelque 950 plans de correction ont pu être établis. Leur mise en œuvre est en cours. Ces mesures permettent une amélioration durable de la sécurité dans les usines textiles au Bangladesh.

Au niveau des dédommagements, les avancées sont loin d’être aussi réjouissantes. Deux ans après la tragédie, les survivants et les familles des personnes décédées attendent toujours une indemnisation complète. Dans de nombreux cas, la contribution faite par les marques au fonds d’indemnisation est beaucoup trop faible. D’autres firmes, comme Mango ou Inditex (Zara), n’ont pas communiqué les montants versés, ce qui laisse penser que ceux-ci sont largement insuffisants. Le géant de la mode italienne Benetton a quant à lui attendu près de deux ans pour réagir. Sous la pression massive de l’opinion publique, il a finalement annoncé la semaine dernière le versement de 1,1 million de dollars, bien loin des 5 millions demandés par la Campagne Clean Clothes et par plus d’un million de personnes via une pétition en ligne.

L’attitude de Benetton & cie est tout simplement scandaleuse. En refusant de verser les sommes manquantes, ces entreprises empêchent les victimes d’être enfin indemnisées de manière suffisante et équitable. Si les marques continuent de se soustraire à leurs responsabilités, elles conduiront à un échec partiel de l’Arrangement sur les indemnisations. Les efforts en cours pour établir un mécanisme solide de dédommagements en cas d’accidents du travail seront également compromis. Coordonnée en Suisse par DB, la Campagne Clean Clothes demande à toutes les marques qui ont des relations d’affaires au Bangladesh de faire une contribution substantielle au fonds d’indemnisation pour les victimes. Elles doivent en outre signer l’accord sur la sécurité des bâtiments afin que ce chapitre si sombre de la chronique des catastrophes annoncées dans l’industrie textile puisse enfin être refermé.

Plus d’informations dans notre dossier sur le Rana Plaza ou auprès de:

Géraldine Viret, Déclaration de Berne, 021 620 03 05, viret@ladb.ch