Réduction de la faim dans le monde: espoirs déçus

Lausanne, le 11 juin 2002 - La Déclaration, adoptée le premier jour du sommet mondial de l'alimentation + 5 à Rome, néglige de prendre en compte les causes essentielles de la faim. Sous la pression des Etats-Unis, et malgré une opposition ferme de la Suisse et de la Norvège, la plupart des propositions novatrices et courageuses ont été édulcorées.

Une des propositions centrales du projet de Déclaration: le mandat d'élaborer un "code de conduite" pour le droit à l'alimentation n'a pas résisté à la pression des USA. Le "code de conduite" s'est ainsi transformé en "lignes directrices", moins précises et moins contraignantes. Le droit à l'alimentation reste un droit national, ce qui empêche toute possibilité d'intenter une action en justice au niveau international. "La communauté internationale s'est une nouvelle fois vue freinée par les Etats Unis dans son effort pour résoudre des problèmes globaux" critique François Meienberg de la Déclaration de Berne. Il faut cependant saluer le fait que des mesures et des délais ont enfin été donnés en vue de la réalisation du droit à l'alimentation. Les lignes directrices devront en effet être finalisées dans un délai de deux ans.

Les ONG du Nord et du Sud ainsi que les organisations de paysans et des pêcheurs demandaient que des mesures soient prises pour remédier aux conséquences négatives de la libéralisation du commerce mondial. Ils demandaient la prise en compte du concept de souveraineté alimentaire. Ce dernier donne la priorité à la lutte contre la faim sur toute obligation commerciale internationale. Ces revendications ne sont pas reprises dans la Déclaration. Au contraire, le commerce international et les conclusions de la conférence de l'OMC à Doha sont mentionnés comme étant les moyens d'assurer la sécurité alimentaire. Les expériences négatives de ces dernières années sont toujours ignorées. Concernant les biotechnologies, le principe de précaution inscrit dans le Protocole de Carthagène sur la biosécurité, a été évincé de la version finale de la Déclaration. Pour Miges Baumann de Greenpeace International, ceci "démontre que les pays riches n'ont pas la volonté politique de prendre au sérieux les dangers liés aux biotechnologies. "