Révélations de la DB: les grandes banques suisses impliquées dans des violations des droits humains

Travail forcé en Ouzbékistan, expulsions en Papouasie-Nouvelle-Guinée, déchets toxiques en Côte d’Ivoire: dans leur approche des droits humains, Credit Suisse et UBS ressemblent à des avions volant à l’aveugle, sans instruments de navigation et sans objectif clair. La Déclaration de Berne (DB) demande donc aux deux grandes banques suisses de développer enfin des standards contraignants en matière de droits humains, et ce de manière ouverte et transparente.

La DB a enquêté sur les relations financières entre les grandes banques suisses CS et UBS et des entreprises impliquées dans des controverses relatives à de graves violations des droits humains, notamment aux droits à la vie, à la sécurité, à la santé et à l’alimentation. Credit Suisse est, par exemple, impliqué dans le financement de l’exportation du coton en Ouzbékistan, où la production de cette matière est basée sur un système de travail forcé et de travail des enfants organisé par l’Etat. De son côté, UBS finance la société exploitante d’une mine en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où des policiers lourdement armés ont déplacé les habitants des environs et mis le feu à leurs maisons. La DB lance aujourd’hui une campagne sur le site internet www.banquesetdroitshumains.ch documentant ce cas et 17 autres exemples scandaleux.

Ces dernières années, le travail de John Ruggie, Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l’homme et les sociétés transnationales, a permis d’alimenter les revendications sur les devoirs des entreprises en matière de droits humains. Ruggie stipule clairement que la plupart des entreprises n’ont mis en place aucune procédure pour prouver qu’elles s’engagent avec sérieux pour le respect des droits humains. Cette procédure du devoir de vigilance («Due Diligence») est pourtant essentielle, souligne Ruggie, pour que les firmes s’acquittent de leur responsabilité spécifique pour le respect des droits humains.

La DB ne demande ni plus ni moins à CS et UBS que de mettre en place une telle procédure. Concrètement, il s’agit pour les deux banques de développer une directive détaillée en matière de droits humains. Celle-ci doit inclure une étude d’impact approfondie de leurs activités sur les droits humains, dont le respect doit être ancré dans les standards internes de l’entreprise. De plus, leurs principes et leurs directives – comme les autres activités globales des banques – doivent être rendues accessibles au public. Dans ce domaine également, le temps des «cachotteries» est terminé.