Cycle de Doha: l'OMC doit enfin tenir ses promesses

Début mars, le Conseil général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) s'est réuni à Genève. A l'issue de la rencontre, le réseau international d'ONG Our World Is Not For Sale (OWINFS) a rappelé dans une lettre ouverte que l'OMC n'a toujours pas tenu les promesses qu'elle avait faites dans le cadre du cycle de Doha pour le développement.

Le cycle de Doha a été lancé en 2001 dans la capitale du Qatar. Dès le début des négociations, les pays industrialisés s’étaient engagés à mettre les intérêts commerciaux des pays en développement au cœur des considérations. Parmi les principales revendications figurait l’abolition des subventions agricoles ayant des effets de distorsion des échanges et permettant aux pays du Nord de recourir au dumping pour vendre leurs excédents sur le marché mondial, portant ainsi préjudice aux pays en développement. En outre, les pays les plus faibles économiquement devaient bénéficier d’une plus grande marge de manœuvre politique dans la gestion de leur développement économique.

Qu’en est-il aujourd’hui? Après quinze ans de négociations, les résultats sont aujourd’hui bien décevants: aucune des promesses des Etats industrialisés n’a été tenue. Bien au contraire: après la dernière conférence ministérielle de l’OMC, tenue à Nairobi en mars 2016, plusieurs pays industrialisés ont prononcé la mort du cycle de Doha pour le développement et se réjouissaient déjà de la «naissance d’une nouvelle OMC». Leur objectif était alors de faire avancer les discussions sur de nouveaux thèmes tels que la libéralisation des investissements et les conditions d’attribution de marchés publics.

Dans la lettre ouverte de l’OWINFS, la société civile s’oppose à cette interprétation de la conférence de Nairobi. Elle demande que les promesses faites aux pays en développement soient tenues avant que de nouveaux thèmes soient introduits dans les discussions, en particulier lorsque ceux-ci servent en premier lieu les intérêts des pays industrialisés. La lettre ouverte rappelle par ailleurs que les pays du Sud s’étaient déjà opposés par le passé aux tentatives d’introduire de nouveaux thèmes dans les discussions. Les organisations de la société civile demandent donc aux délégués de l’OMC de renforcer le volet développement du cycle de Doha et de livrer enfin des résultats.

La lettre ouverte a été signée par quelque 150 ONG du monde entier, dont la Déclaration de Berne (DB) qui figure depuis longtemps parmi les membre de l’OWINFS. En collaboration avec Alliance Sud, la DB a en outre soumis la lettre ouverte à l’attention de la délégation commerciale suisse, l’appelant à tenir compte des revendications de la société civile lors des prochaines négociations. La DB poursuit son engagement afin que les promesses faites depuis 2001 aux pays en développement dans le cadre du cycle de Doha soient enfin tenues.

Lettre ouverte de la société civile concernant l'avenir des négociations de l'OMC