Dégât d’image Socar, l’entreprise qui voulait se faire aimer

À grands coups de sponsorings sportifs ou culturels, la société pétrolière d’État de l’Azerbaïdjan joue la carte de la séduction un peu partout en Europe, et notamment en Suisse, où elle a racheté le réseau de stations-service d’Esso et installé sa principale filiale de négoce. Mais son image a sérieusement pâli depuis que la maison-mère est aspirée dans la propagande belliqueuse du président Aliev. Et surtout depuis que son nom apparaît en marge d’une vaste affaire de corruption maltaise qui aurait conduit à l’assassinat de la journaliste Daphne Caruana Galizia.
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Un peu patauds, les nouveaux partenaires de Socar se succèdent à l’écran. Leur mission dans cette campagne publicitaire: vanter les mérites de la marque azerbaïdjanaise, «élégante, moderne et dynamique», dont le logo (une flamme aux couleurs du drapeau azerbaïdjanais) orne désormais la station d’essence rattachée à leur garage automobile ou leur entreprise de transport. Pour ce concessionnaire biennois, qui dit avoir reçu «beaucoup de matériel promotionnel», il n’y a plus de doute: «Socar est devenue une réelle marque suisse.»

Nous sommes en 2014, deux ans et demi après le rachat du réseau helvétique de 160 stations-service Esso par Socar Energy Switzerland. Le géant pétrolier étatique azerbaïdjanais, qui compte aujourd’hui 200 pompes à essence dans toute la Suisse – dont plus de 60 disposent d’un shop Migrolino avec un personnel directement employé par la filiale suisse du groupe azerbaïdjanais – est alors en pleine opération de séduction.

Des tweets patriotiques et va-t-en-guerre

Pour peu, on en oublierait presque que Socar est une société d’État à la botte du clan présidentiel Aliev, qui gouverne sans partage depuis l'indépendance de l’Azerbaïdjan en 1991. Véritable machine à cash, le géant étatique permet d’inonder l’Europe de pétrodollars et d’entretenir une armée moderne qui vient d’écraser les Arméniens dans le Haut-Karabakh après six semaines de conflit. Socar a pleinement participé à cet engouement militaire, en témoignent les tweets patriotiques et va-t-en-guerre de la société d’État pendant toute la durée du conflit.

Une attitude qui tranche avec les efforts déployés jusqu’à présent par Socar. Voilà une décennie que le groupe aux 49 milliards de dollars de chiffre d’affaires (en 2019) ouvre son chéquier à tout-va pour parler au cœur des Européennes et Européens. Il s’est en tout cas offert leur sport roi, le football. Pour un montant tenu secret, Socar a convaincu l’UEFA, basée à Nyon, de devenir l’un de ses principaux partenaires et même de lui octroyer de nombreux matches européens de prestige dans la très excentrée Bakou.

La capitale veut également séduire les mélomanes. L’Azerbaïdjan remporte l’Eurovision de la chanson en 2011, l’accueille l’année suivante et Socar obtient aussi de faire figurer son logo en forme de puits de pétrole aux côtés de celui du Montreux Jazz Festival (au prix de 400 000 francs à l’époque). Une flamme aux couleurs du drapeau azerbaïdjanais a depuis remplacé le derrick, et brûle toujours fièrement aux côtés des «copartenaires» de l’événement.

Socar a également choisi la Suisse pour y implanter sa principale filiale de négoce, Socar Trading S.A. Discrètement enregistrée à Genève fin 2007, elle s’est imposée comme un acteur majeur du milieu du négoce de pétrole et de gaz, attirant dans ses rangs de nombreux Occidentaux, amadoués par de hauts salaires et ne tarissant plus d’éloges sur le «professionnalisme» de leur employeur. Sans oublier, au niveau politique, l’intense coopération bilatérale entre Berne et Bakou, qui fait de la petite république caucasienne l’un des partenaires privilégiés de la Suisse en ex-URSS.

«C’est simple: Socar fait vivre l’Azerbaïdjan et son directeur est bien plus puissant qu’un ministre. Il doit forcément être un homme de confiance du président Ilham Aliev»,

résume un proche de la filiale genevoise, ironisant sur les employés étrangers de Socar qui «dans ce contexte très politique ont une obligation de neutralité, comme les trois petits singes qui se couvrent les yeux, la bouche et les oreilles».

L’arrestation qui change tout

Ce qui devient de plus en plus difficile depuis quelques mois. Le nom de Socar est apparu à plusieurs reprises dans les médias, en filigrane d’une affaire aussi embarrassante que sale. Tout a commencé avec une rocambolesque arrestation en plein milieu de la Méditerranée.

Le 20 novembre 2019, l’homme d’affaires Yorgen Fenech est interpellé par la police maltaise sur son luxueux yacht à 5h30 du matin, alors qu’il met le cap vers la Sicile. Le Maltais de 39 ans est l’héritier d’un conglomérat d’hôtels et de casinos. Mais c’est aussi – et surtout – le partenaire local de Socar sur l’île. Grâce à son entregent, le géant azéri a pu concrétiser l’un de ses plus ambitieux projets: la construction et l’exploitation dès 2017 de la nouvelle centrale électrique de Delimara dans le sud-est de Malte, alimentée par du gaz naturel liquéfié (LNG) fourni par Socar.

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L'usine électrique de Delimara, exploitée par le consortium Electrogas Malta.

Yorgen Fenech dort aujourd’hui en prison, inculpé de «complicité d’assassinat». Il est soupçonné sur la base d’éléments accablants d’avoir commandité le meurtre, le 16 octobre 2017, de la journaliste maltaise Daphne Caruana Galizia. Juste avant de périr dans l’explosion de sa voiture, la journaliste et blogueuse anticorruption enquêtait sur de possibles malversations autour de la centrale électrique. Elle avait reçu 680 000 courriels confidentiels et documents venant d’Electrogas Malta Ltd., le consortium qui, au printemps 2013, avait remporté ce marché de 450 millions d’euros. Socar Trading S.A y détient 33,3% des parts, à égalité avec le géant allemand Siemens, alors qu’une troisième entité, dont Yorgen Fenech est actionnaire, contrôle le reste du capital. Une enquête sur Electrogas est en cours à Malte.

Autant dire qu’au 40 rue du Rhône à Genève, le siège de Socar Trading SA, la chute de l’homme d’affaires maltais a provoqué la stupeur. «Socar était très fier de ce projet entièrement piloté à Genève. Il s’agissait de remplacer le fioul lourd et le gasoil très polluants par du LNG importé à Malte par Socar», confie une source bancaire. Le géant azéri tente aujourd’hui de vendre en Afrique ce type de grand projet intégré et «vertueux», alors que la production nationale de brut décline et que les réserves de gaz sont, elles, pléthoriques. L’Azerbaïdjan a par ailleurs inauguré en octobre avec l’Union européenne le Trans Adriatic Pipeline (ou TAP), un gazoduc qui doit lui permettre de livrer le gaz naturel de la mer Caspienne à l’Europe occidentale. Le siège de l’entreprise qui administre le TAP a été établi en Suisse, à Baar (ZG).

«Le management a pris l’arrestation de Fenech comme une claque.»

«Le ciel leur est tombé sur la tête. C’est très dur à avaler d’être catalogué comme une société mafieuse qui serait complice d’un meurtre», confie un trader genevois. Il se raconte qu’à Bakou, le président de Socar a explosé: «On essaie d’améliorer notre image et voilà ce qui arrive!», aurait-il lancé, fou de rage.

Versements azéris suspects

C’est désormais l’envers du décor qui surgit. Depuis deux ans, plusieurs médias internationaux enchaînent les enquêtes sur les affaires opaques de Yorgen Fenech, dans le cadre du «projet Daphne», en s’appuyant sur des documents auxquels Public Eye a également eu accès.

Ils ont découvert qu’à l’automne 2015, une société enregistrée à Dubaï, 17 Black Limited, avait reçu plusieurs millions de dollars de sociétés dont les ayants droit économiques étaient tous Azerbaïdjanais. Or, comme l’ont révélé Reuters et Times of Malta, c’est le fameux Yorgen Fenech qui se cachait derrière 17 Black Limited (plus tard rebaptisée Wings Development). Cette structure avait attiré l’attention de Daphne Caruana Galizia, sans qu’elle ait le temps d’en percer les mystères.

Un rapport du bureau anti-blanchiment maltais (FIAU), que nous avons consulté, détaille deux versements qualifiés de «suspects», le 17 et le 26 novembre 2015, pour un total de 1,4 million de dollars, vers 17 Black Limited. L’argent provenait de Mayor Trans Limited, une société enregistrée aux Seychelles, qui avait ses comptes au Monténégro et en Lettonie, et dont le bénéficiaire économique ultime (UBO) était alors un certain Rufat Baratzada. Comme l’a découvert Reuters, ce citoyen azerbaïdjanais a tout d’un homme de paille: c’est un ancien employé de métro qui habite un modeste appartement à Bakou.

Les enquêteurs financiers maltais se sont aussi intéressés à deux sociétés panaméennes – Hearnville Inc. et Tillgate Inc. – créées fin 2015 et dont les ayants droit économiques étaient deux officiels maltais. Il s’agit respectivement de Konrad Mizzi, le ministre maltais de l’Énergie qui avait appuyé la construction de la nouvelle centrale électrique,

et de Keith Schembri, le chef de cabinet du Premier ministre Joseph Muscat, qui suivait lui aussi le dossier. Dans un courriel datant du 17 décembre 2015, il est indiqué que les comptes de ces deux entités «vont générer des rentrées de 2 millions d’euros d’ici une année», à raison de 150 000 euros mensuels provenant de 17 Black Limited et d’une autre structure.

On ignore si l’argent a bien été versé par Yorgen Fenech à MM. Mizzi et Schembri. Ces derniers ont en tout cas dû démissionner après son arrestation.

Une enquête de la police maltaise est en cours, portant sur des soupçons d’actes de blanchiment d’argent et de corruption qui se seraient déroulés en marge du contrat de la centrale électrique. La mystérieuse Mayor Trans Limited, qui n’avait aucune activité connue à Malte, aurait été utilisée pour des paiements corruptifs. Avec cette interrogation restée jusqu’ici sans réponse: cette structure aurait-elle pu agir pour le compte de Socar Trading?

Aucun lien formel n’a jusqu’ici pu être établi entre les deux sociétés. Public Eye a pu obtenir une nouvelle pièce de ce vaste puzzle. Selon nos informations, au moment de l’ouverture du compte de Mayor Trans Limited au Monténégro, Rufat Baratzada apparaissait comme le signataire, alors que le bénéficiaire économique ultime (UBO) était un dénommé T. H. Sur LinkedIn, plusieurs personnes portent les mêmes nom et prénom, dont un ingénieur de Socar au profil lapidaire. Un élément encore insuffisant pour confirmer un lien, mais néanmoins troublant.  

Des tours de passe-passe financiers

Dès 2015, c’est un personnage plus en vue, Turab Musayev, binational Azerbaïdjanais et Britannique, qui supervisait le projet de la centrale électrique maltaise depuis Genève. Une source confie que cet homme d’affaires aux manières très occidentalisées a été engagé par Socar Trading «pour ses compétences dans le domaine du gaz» et qu’«il a aussi été chargé de monter le desk LNG à Londres qui fonctionne au- jourd’hui très bien». Officiellement, Turab Musayev avait un statut de consultant.

Au sein du consortium d'Electrogas, Socar Trading s’est taillé la part du lion, obtenant que l’État maltais fasse appel à ses services pendant dix ans pour alimenter la nouvelle centrale électrique en gaz naturel liquéfié (LNG). Et puisque la filiale azérie genevoise ne pouvait alors pas fournir elle-même ce LNG, elle a signé en avril 2015 un contrat d’achat avec le géant Shell qui était aussi chargé d’acheminer le produit à Malte puis de l’entreposer dans une unité de stockage. Socar Trading avait ainsi un rôle de pur intermédiaire. Reuters a calculé qu’en 2015, la société azérie a déboursé 113 millions de dollars pour se procurer du LNG, qu’elle a ensuite revendu à Electrogas pour 153 millions de dollars, encaissant ainsi une marge de 40 millions.

Plusieurs experts du secteur se sont interrogés sur la rationalité d’une telle transaction, se demandant pourquoi Electrogas ne s’approvisionnait pas directement auprès de Shell, ce qui lui aurait coûté beaucoup moins cher.

Selon les révélations de Reuters en juin 2020, Turab Musayev aurait aussi été personnellement  associé à Yorgen Fenech dans une autre grande réalisation: le parc éolien «Mozura» au Monténégro. Là encore, on tombe sur une transaction pour le moins tortueuse. En décembre 2015, Enemalta, la société étatique énergétique maltaise, a acquis, pour 10,3 millions d’euros, 99% des actions de ce parc éolien auprès d’une société offshore nommée Cifidex Ltd. Deux semaines auparavant, cette coquille vide basée aux Seychelles avait acheté cette même participation pour 2,9 millions d’euros.

Cette transaction avait donné lieu à un tour de passe-passe avec la fameuse 17 Black Limited, qui avait avancé 3 millions d’euros à Cifidex, puis s’était fait rembourser cette somme en recevant quelque 4,5 millions d’euros additionnels en guise de «participation au bénéfice».

Selon Reuters, Turab Musayev contrôlait Cifidex, ce que l’homme d’affaires azéri s’est empressé de nier, menaçant de porter plainte contre cinq médias maltais qui avaient aussi publié cette information. En août dernier, la «Fondation Daphne» a apporté de nouveaux éléments prouvant que l’homme d’affaires azéri avait bien une participation dans cette structure. En décembre 2019, Turab Musayev avait discrètement démissionné du Conseil d’administration d’Electrogas à Malte.

Que sait la patronne de Socar Trading?

Mariam Almaszade, CEO de Socar Trading depuis juin 2018, pourrait avoir la réponse à certaines questions. Dans une vie antérieure, cette juriste azérie, qui a étudié en Suisse, travaillait au sein de l’étude genevoise De Cerjat, Prensilevich & De Blasi. Entre 2012 et 2015, comme le montre une série de courriels que nous avons pu consulter, elle était chargée de gérer plusieurs sociétés pour le compte d’un homme d’affaires azéri au profil intrigant: Rovshan Tamrazov. Sur Internet, on ne trouve aucun article ni portrait de celui qui est officiellement propriétaire de la société de négoce Maddox S.A., domiciliée à Genève depuis 2013, et de son pendant offshore Maddox Energy Trading enregistrée en 2010 dans les Îles Vierges britanniques dont l’unique actionnaire était à partir de mars 2011 une autre société nommée Crowbar Holdings, domiciliée dans la même juridiction.

De 2012 à 2015, Mariam Almaszade était la seule directrice de Crowbar Holdings. Or la cellule enquête de la Tribune de Genève a récemment révélé que cette société offshore avait, le 24 novembre 2015, transféré plus de 2,3 millions d’euros sur le compte de 17 Black Limited, la société de Yorgen Fenech. Le motif de ce paiement reste mystérieux.

Malte demande l’entraide judiciaire

Un ancien trader genevois qui jusqu’en 2013 évoluait dans l’environnement de Roshvan Tamrazov se dit «très surpris», puisque selon lui «Maddox/Crowbar n’avait pas d’affaires ni à Malte, ni au Monténégro». La justice maltaise a adressé en août dernier une demande d’entraide judiciaire au Ministère public de la Confédération (MPC) sur Socar Trading. Elle s’intéresse de près au versement fait par Crowbar. La requête maltaise est en cours d’exécution, comme nous l’a confirmé un porte-parole du MPC. Toutes les hypothèses sont ouvertes.

Voilà longtemps que dans les milieux du pétrole, il se murmure que Maddox et Socar Trading ont des liens étroits. Mariam Almaszade en est l’incarnation vivante. En 2016, elle est entrée de plain-pied dans le trading de pétrole, nommée à la tête de Maddox S.A., puis en 2018, elle a été propulsée au poste de CEO de Socar Trading. Un banquier qui connaît comme sa poche les négociants de l’ex-URSS confirme que Maddox a toujours évolué dans le giron de Socar. «Il fallait vraiment que Mariam Almaszade soit proche de personnes puissantes en Azerbaïdjan pour pouvoir faire le saut entre la petite Maddox et Socar la géante», explique-t-il.

Interpellée par Public Eye sur ces faits, Socar Trading nous a répondu par l’intermédiaire d’une agence internationale spécialisée dans la gestion de réputation. La filiale genevoise se dit «profondément bouleversée par le meurtre de Daphne Caruana Galizia», mais refuse de s’exprimer sur une enquête en cours. Elle se distancie de Turab Musayev, qualifié d’«ancien consultant indépendant» qui pouvait mener ses propres projets et dont les services «ne sont plus utilisés par la société». Cette consultance a duré sept ans et s’est achevée en octobre 2020, selon les données du profil LinkedIn de Turab Musayev. Durant cette période, l’intéressé bénéficiait en tout cas d’une adresse e-mail Socar Trading, comme le montre un courriel qui a fuité dans les médias.

Socar Trading répond aussi qu’elle ne connaît ni Mayor Trans Limited, ni ses ayants droit économiques. Quant à Crowbar Holdings, Mariam Almaszade fait savoir qu’elle «n’était pas au courant du paiement» de 2,3 millions d’euros vers la société de Yorgen Fenech en novembre 2015, puisqu’au «premier trimestre de 2015», elle avait été remplacée dans ses fonctions de directrice. Dans l’enquête publiée par la Tribune de Genève, un de ses proches assure, sous couvert d’anonymat, qu’un juriste valaisan a pris sa place et que Mme Almaszade n’effectuait «aucune transaction bancaire» pour le compte de Crowbar. Certains documents que nous avons consultés montrent au contraire qu’en qualité de gestionnaire de Maddox Energy Trading (dont Crowbar était le seul actionnaire), il lui arrivait de recevoir des factures et de superviser des paiements.

Nous avons adressé des questions au juriste valaisan, mais elles sont restées sans réponse.

En bout de chaîne, devant les stations-service suisses où brûle la flamme bleu-rouge-verte de Socar, il est peu probable que l’on ait eu vent de ces lointaines intrigues.

Mais au fil des révélations, la société d’État, qui reste mutique, a toujours plus de mal à se positionner comme une marque «élégante, moderne et dynamique».

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Socar possède aujourd’hui 200 pompes à essence dans toute la Suisse, dont plus de 60 disposent d’un shop Migrolino.

L’Azerbaïdjan – un destin lié au cours du brut

Grâce au pétrole, l'Azerbaïdjan est devenu un pays prospère. En vingt ans, le revenu par habitant a été multiplié par vingt. Le gagnant est sans aucun doute la compagnie pétrolière d'État Socar, société étroitement liée au clan dirigeant des Aliev.

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Cet article est paru dans le magazine de Public Eye Enquêtes, reportages et éclairages sur l'actualité: découvrez le magazine de Public Eye