«Angolagate reloaded»: des preuves inédites conduisent à une nouvelle dénonciation

Lausanne, 16.04.2013 - Des activistes angolais et l’ONG britannique Corruption Watch déposent une dénonciation à Berne et à Luanda contre l’affaire connue sous le nom d’«Angolagate suisse», au cours de laquelle plus de 700 millions de dollars ont été volés au pays africain. La dénonciation suisse est dirigée entre autres contre trois ex-employés d’UBS. Elle se base sur un rapport d’enquête qui met également en évidence le rôle douteux de Glencore, le négociant en matières premières zougois.

La dénonciation déposée au Ministère public de la Confédération à Berne (MPC) se base sur le rapport «The Corrupt Angola-Russia Debt» publié aujourd’hui par les ONG Mãos Livres et Corruption Watch. Ce rapport documente des faits de corruption et de blanchiment d’argent accomplis avec l’appui d’employés d’UBS au profit d’officiels angolais au cours d’une opération de restructuration de la dette angolaise envers la Russie. Des pots-de-vin ont été versés sur les comptes suisses de personnes politiquement exposées angolaises. Les recherches montrent aussi l’implication de Glencore, qui préfinançait la restructuration de la dette en achetant le pétrole de la société nationale des pétroles angolais. C’est aussi le négociant zougois qui a amené l’affaire à la Société de banque suisse (SBS), ancêtre de l’UBS.

Selon David Mendes, avocat angolais et signataire de la dénonciation, «le système bancaire suisse a permis de voler cette somme à l'un des pays les plus pauvres au monde; il n'est pas trop tard pour que la Suisse enquête correctement sur tous ceux qui ont rendu cette spoliation possible et cherche la restitution des sommes». Les intermédiaires Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak, dont les livraisons d’armes à l’Angola avaient été au cœur du procès français de l’Angolagate en 2009 ont aussi joué un rôle central dans l’opération de restructuration de la dette. Ils sont également visés par la dénonciation déposée aujourd’hui au MPC.

L’enquête montre que même le Président angolais Dos Santos a touché plus de 36 millions de dollars dans ce deal. Les documents et les extraits de comptes rassemblés dans le rapport montrent pour la première fois le schéma détaillé selon lequel cette opération de grande corruption a été menée, au moyen de sociétés offshore et d’hommes de paille. En toute logique, les auteurs attendent davantage de transparence de la Suisse, de sa place financière et de son industrie du négoce et demandent que cette dernière soit soumise à la législation anti-blanchiment.