Comment la politique économique extérieure suisse devra s’adapter aux défis du futur

Les transformations actuelles au niveau géopolitique et environnemental exigent une réorientation de la politique économique extérieure suisse. Le rôle central accordé aujourd’hui au développement économique ne peut répondre aux défis mondiaux à venir. L’accord de libre-échange avec l’Inde doit-il être conclu et ratifié par le Parlement, bien que les critères de durabilité ne soient pas juridiquement contraignants ? Et celui avec la Chine doit-il être étendu alors que les droits humains sont passés sous silence ? À ces questions explosives, il est urgent de trouver des réponses jouissant d’une légitimité démocratique. Un nouveau rapport publié par Public Eye montre à quoi devrait ressembler une politique économique extérieure suisse durable au XXIe siècle.

Notre époque est marquée par des bouleversements géopolitiques profonds: les grandes puissances cherchent la confrontation, le droit international est de moins en moins considéré et le nombre d’États autocratiques augmente. Par ailleurs, les crises écologiques et sociales se confondent et s’aggravent. Depuis longtemps déjà, la politique économique extérieure suisse, qui ne sert le plus souvent que les intérêts des multinationales, est dépassée. Elle constitue même un obstacle à la contribution de la Suisse, pourtant nécessaire pour surmonter les défis mondiaux. Il faut des réponses politiques et sociales bénéficiant d’un large consensus aux questions d’avenir en matière de politique économique extérieure, telles que les modalités des accords de libre-échange ou la contribution des affaires économiques extérieures aux objectifs climatiques. Au Parlement également, il est de plus en plus admis que la politique économique extérieure requiert davantage de transparence et de participation et qu’elle doit s’asseoir sur une base juridique solide afin d’être légitimée par voie démocratique. Dans un postulat transmis pendant la session d’hiver, le Conseil national a demandé au Conseil fédéral de rendre un rapport à ce sujet.

Une politique économique extérieure apte à résister aux défis de l’avenir appelle à un débat public sur les objectifs, les moyens et les compromis. Grâce à son nouveau rapport, Public Eye confère un nouvel élan à ces débats indispensables. Ce rapport propose des mesures directement applicables ou à développer sur un plus long terme selon huit domaines thématiques sélectionnés. Il s’agit par exemple de lier les droits des entreprises dans les accords de protection des investissements à des obligations de protection des droits humains et de l'intérêt public, de réaliser des analyses de durabilité préalables aux accords économiques ou de renforcer la coopération internationale pour les investissements publics dans les communs numériques ou «digital commons» (biens collectifs). Ces mesures s’inscrivent avec cohérence dans les objectifs constitutionnels de politique extérieure et placent ainsi les droits humains, la justice sociale globale, la durabilité écologique et les marges de manœuvre démocratiques au centre de la politique économique extérieure suisse. Avec ce rapport, Public Eye veut lancer les débats trop longtemps attendus sur une politique économique extérieure de la Suisse porteuse d’un projet d’avenir qui contribue à accroître la justice dans le monde et à préserver nos ressources pour les générations futures.

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Angela Mattli, Directrice commerce et finance, 079 378 54 30, angela.mattli@publiceye.ch