Offensive contre les carburants toxiques: l'Afrique de l’Ouest abaisse jusqu'à 200 fois la teneur en soufre autorisée

Lors d’une rencontre convoquée par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) à Abuja, au Nigéria, un pas important a été fait pour améliorer la qualité des carburants en Afrique de l’Ouest. Après le Ghana, le Nigéria, le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Togo ont annoncé qu’ils abaisseraient drastiquement la teneur en soufre autorisée dans le diesel importé, en imposant une limite de 50 ppm (parties par million). Cette mesure, essentielle pour lutter contre la pollution de l’air, fait suite à la publication du rapport « Dirty Diesel » de Public Eye ainsi qu’à la campagne menée avec ses partenaires africains. Aux Pays-Bas, le Conseil municipal d’Amsterdam demande une interdiction de produire et d’exporter de tels carburants.

Des Ministres de l’environnement et de l’énergie du Bénin, de Côte d’Ivoire, du Nigéria et du Togo ainsi que des représentants de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CÉDÉAO) ont pris part à la conférence organisée dans la capitale nigériane. Sous la pression de l’opinion publique, scandalisée par les révélations du rapport « Dirty Diesel » de Public Eye, le Nigéria, le Bénin, la Côte d’Ivoire, et le Togo ont annoncé lors de la rencontre qu’ils limiteraient à 50 ppm la teneur en soufre autorisée dans le diesel importé à partir de juillet 2017. Celle-ci est actuellement fixée à 3000 ppm au Nigéria, et à 10 000 ppm au Togo. L’exemple du Nigéria, principal marché des carburants en Afrique, devrait encourager d’autres pays à suivre cette voie.  

Le scandale « Dirty Diesel » a également provoqué des réactions politiques en Europe. Le 30 novembre, le Conseil municipal d’Amsterdam a adopté à une large majorité une motion exigeant de l’Exécutif de la Ville – propriétaire du port d’Amsterdam – qu’il négocie une interdiction de produire et d’exporter des carburants présentant des teneurs en substances toxiques plus élevées que ne l’autorisent les normes européennes. Le 5 décembre, la Ministre du commerce et du développement néerlandaise, Lilianne Ploumen, et la Ministre nigériane de l’environnement Amina Mohammed tiendront par ailleurs une conférence à La Haye. Celle-ci réunira des représentants et des représentantes des gouvernements européens et africains, des organisations internationales et de l’industrie (les exploitants du port, les raffineries, les compagnies pétrolières et les négociants en matières premières ont été conviés) ainsi que des organisations de la société civile, dont Public Eye et ses partenaires. Il s’agira de discuter de mesures concrètes pour améliorer la qualité des carburants en Afrique de l’Ouest.

En dépit du rôle joué par les négociants helvétiques dans le commerce de carburants sales en Afrique, la Suisse n’a pas jugé bon d’envoyer un haut fonctionnaire à la Haye. Ce choix est symptomatique de l’immobilisme dans lequel les autorités helvétiques se complaisent. Dans sa réponse à une interpellation parlementaire déposée par la Conseillère Nationale Verte Lisa Mazzone, le Conseil fédéral affirme que « les entreprises doivent réduire dans toute la mesure du possible les effets négatifs de leurs activités économiques sur la santé de la population ». Il n’est toutefois pas disposé à prendre des mesures contraignantes en ce sens. L’initiative pour des multinationales responsables donnera bientôt au peuple suisse l’opportunité d’inscrire un devoir de diligence dans la Constitution. 

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Gian-Valentino Viredaz, Recherches matières premières, 021 620 06 14, valentino.viredaz@publiceye.ch