Une pluie de billets sur le Palais fédéral: 24000 personnes exigent des mesures contre la corruption «made in Switzerland»

En septembre 2021, Public Eye a appelé à «corrompre» le responsable de la lutte contre la criminalité économique, notre ministre des Finances. 24000 personnes ont alors signé un (faux) billet de mille francs à l’effigie de Ueli Maurer pour exiger de meilleures lois contre la corruption et le blanchiment d’argent impliquant la Suisse. Cette pluie de billets est tombée aujourd'hui sur le Palais fédéral, et la pétition vient accroître la pression parlementaire et internationale sur le Conseil fédéral.

3600 milliards de dollars US. C'est le montant ahurissant que la population mondiale perd chaque année à cause de la corruption et du blanchiment d’argent. Les populations et pays du Sud en sont les grands perdants. La Suisse et sa place financière jouent un rôle central dans la quasi-totalité des scandales de corruption internationaux. Les 24 000 signataires de la pétition contre la corruption «made in Switzerland», que Public Eye a remise aujourd'hui à la Chancellerie fédérale, ne veulent plus que des milliards d’argent sale se retrouvent encore sur des comptes suisses. Leur revendication concrète: que le Conseil fédéral édicte enfin des obligations de diligence raisonnable pour les conseillers et conseillères de sociétés-écrans.

La pression sur le Conseil fédéral augmente aussi au Parlement. Après les révélations des «Pandora Papers», plusieurs interventions ont été déposées pour demander que les vastes lacunes du dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent et la corruption soient enfin comblées. La motion de Baptiste Hurni (PS/NE) demande par exemple l’introduction d’un registre des ayants droit économiques des sociétés (offshore) et trusts. Les organes législatifs se voient ainsi proposer divers instruments efficaces pour rendre la Suisse moins attrayante pour le blanchiment d’argent et autres actes criminels.

Les temps sont durs pour la Suisse sur le plan international également. Le Groupe d’action financière (GAFI), qui définit les normes minimales en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et contrôle leur application dans ses États membres, travaille actuellement sur un renforcement de sa recommandation de transparence pour les personnes morales. Lors de sa prochaine réunion plénière en février, la révision de cette recommandation devrait être approuvée par les États membres, ce qui devrait considérablement accroître la pression sur la Suisse et son ministre des Finances.

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