Attirer l'attention

Entre 2005 et 2015, les Public Eye Awards ont permis d'attirer l'attention des médias et de l'opinion publique sur des cas concrets de violations des droits humains et d'atteintes à l'environnement. Cette campagne mêlait des actions «hors-ligne» provocatrices et des campagnes en ligne créative.

Alors que quarante chefs d’Etat ou Premiers ministres et plus de 1000 PDG se réunissaient de l’autre côté de la rue, il fallait faire preuve d’inventivité pour attirer l’attention des médias et de l’opinion publique sur nos propres revendications. C’est pourquoi nous combinions des actions de terrain provocatrices, sur place à Davos, avec des campagnes en ligne créatives, visant à mobiliser les internautes.

Nos campagnes en ligne, avant-gardistes et redoutables, nous ont permis d’enregistrer plus de 500 000 voix depuis 2008, dans le cadre des votes en ligne désignant le «lauréat» du Prix du public. Le but ultime était de faire entendre et appuyer les messages des organisations dénonciatrices et des victimes. Sans surprise, de nombreuses firmes dénoncées pour avoir violé des droits humains ou porté atteinte à l’environnement ont réagi à leur nomination.

Campagnes en ligne...

La campagne Public Eye on Davos a notamment eu recours au «Adbusting» – comprenez l’association créative d'Advertisement (l’abréviation Ad pour publicité) et de busting (langage familier pour désigner «bousiller, démanteler»). Cette approche a permis de générer l’attention recherchée dans les médias nationaux et internationaux et d’encourager les internautes à voter.

A chaque entreprise nominée, nous dédiions une publicité accompagnée d’un «contre-slogan». Celle-ci détournait les belles promesses imaginées par les départements marketing de la firme, afin de mettre en lumière la réalité de ses pratiques, tout en respectant les éléments graphiques des publicités d’origine. L’équipe des Public Eye Awards diffusait ensuite ces parodies sur la toile, le plus largement possible, par le biais de sa communauté en ligne.

…et présence sur place, à Davos

Par ses actions spectaculaires à Davos, la campagne Public Eye on Davos a sans cesse offert une alternative critique au menu indigeste du WEF. En 2009, par exemple, une grande banderole suspendue au-dessus du pont de Sunniberg interpellait le Président des Etats-Unis sur la nécessité d’imposer un cadre légal aux multinationales: «Mr. Obama: Regulate Corporations Now!»

La campagne Public Eye on Davos s’est également fait remarquer en dehors du WEF, en attirant l’attention sur la participation très inégalitaire au WEF et sur l’isolement illégitime des élites politiques et économiques.

Dès l’émergence d’un mouvement critique envers la mondialisation, la campagne Public Eye on Davos a marqué le discours sur la responsabilité sociale et environnementale des entreprises. La première édition de la campagne, qui s’est déroulée à Davos en 2000, voulait surtout rendre attentif à la participation très inégalitaire au WEF et remettre en cause l’exclusion illégitime de la société civile. Klaus Schwab, fondateur du WEF, avait notamment participé à la première table ronde.

Le contre-sommet a même suivi le Forum lorsque celui-ci s’est tenu à New York en 2002. Il y a organisé un cycle de conférences de quatre jours sur les conséquences négatives d’une mondialisation purement orientée vers le profit. Des alternatives au modèle néolibéral, compatibles avec les enjeux sociaux, ont été présentées.

Remises des prix

Evidemment, toutes les entreprises ayant reçu un Public Eye Award ont été officiellement invitées à la remise des prix à Davos. Toutefois, aucun dirigeant d’entreprise n’a encore eu le courage de faire le déplacement pour venir chercher cette «distinction». De ce fait, les organisations dénonciatrices ont tenté plusieurs fois de déposer le prix en question au siège de l’entreprise pointée du doigt, quelques mois après le WEF. Lorsque le prix était décerné à une entreprise suisse, il nous est aussi arrivé de procéder nous-mêmes à la remise du titre.

Le 23 janvier 2015, plus de 100 personnes ont assisté à la remise du dernier prix de la honte. L'habituelle conférence de presse a été suivie d'une cérémonie de clôture réunissant plusieurs invités de marque, qui ont participé à un débat sur la responsabilité des entreprises et les limites des initiatives volontaires des firmes.