Le Conseil fédéral interdit l’exportation de cinq pesticides bannis en Suisse

Le Conseil fédéral a prononcé aujourd’hui une interdiction d'exporter cinq pesticides qui sont bannis en Suisse en raison des risques avérés qu’ils présentent. Public Eye salue cette importante décision en faveur de la protection des populations et de l’environnement face à des produits chimiques dangereux. Et encourage le Conseil fédéral à poursuivre dans cette voie.

Cette décision importante du Conseil fédéral fait suite aux enquêtes et rapports de Public Eye sur les exportations de pesticides interdits «made in Switzerland» et leurs conséquences désastreuses dans des pays en développement et émergents. Le Conseil fédéral interdit dès 2021 l’exportation de pesticides extrêmement dangereux comme le paraquat, banni en Suisse depuis 1989. En tant que pays hôte de Syngenta, numéro un mondial des pesticides, la Suisse prend ses responsabilités et envoie un signal fort pour mettre enfin un terme à la politique du «deux poids, deux mesures», qui est particulièrement préjudiciable aux pays dont les systèmes réglementaires sont plus faibles. La Suisse adresse également à l’industrie un message clair: elle doit retirer du marché les pesticides les plus toxiques, dont les impacts sur la santé humaine et l’environnement sont avérés.

Cette nouvelle réglementation s’applique uniquement à l’atrazine, au diafenthiuron, au méthidathion, au paraquat et au profénofos – cinq pesticides interdits qui ont été exportés depuis la Suisse ces dernières années. De nombreux autres pesticides interdits pourront donc toujours être exportés. Certes le Conseil fédéral introduit un régime d’autorisation demandant l’approbation préalable explicite du pays importateur pour une centaine de substances, reconnaissant ainsi leur grande dangerosité. La Suisse devrait toutefois aller plus loin et interdire l’exportation de tous les pesticides qui sont bannis sur son sol pour des raisons de protection de l’environnement ou de la santé.

La France a déjà pris les devants en la matière et prononcé une telle interdiction dès 2022. Et la Commission européenne a annoncé aujourd’hui qu’elle souhaite s’assurer, conformément à ses engagements internationaux «que les substances dangereuses interdites dans l'Union ne soient pas produites à des fins d'exportation».

L’interdiction d’exporter des pesticides interdits est un premier pas important. Mais elle doit être complétée par d’autres mesures. Car seule une petite part des pesticides dangereux interdits dans notre pays est actuellement produite et exportée depuis la Suisse. Le géant bâlois Syngenta produit la vaste majorité de ses pesticides extrêmement dangereux dans d’autres pays, comme la Grande-Bretagne, la Chine ou les États-Unis – et gagne chaque année des milliards avec leur vente. 

Avec l’initiative pour des multinationales responsables, qui sera soumise au vote le 29 novembre prochain, Syngenta serait enfin tenue de prendre au sérieux les risques liés à l’utilisation de ses pesticides dangereux à l’étranger – et ce même pour les pesticides qui ne sont pas produits en Suisse. Syngenta ne pourrait plus fermer les yeux sur les atteintes à l’environnement et les conséquences sanitaires de ses activités.

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Laurent Gaberell, spécialiste agriculture, 021 620 06 15, laurent.gaberell@publiceye.ch