Revenu de misère et travail des enfants: le baromètre du cacao montre la nécessité de solutions politiques dans l’industrie du chocolat

Absence d’un revenu vital, travail abusif des enfants dans les plantations: ces problèmes politiques ne trouvent pas de réponse adéquate dans les mesures techniques prises par les gouvernements et l’industrie. C’est la conclusion du Baromètre du cacao 2018, publié aujourd’hui par Public Eye et d’autres organisations de la société civile, en amont de la Conférence mondiale sur le cacao qui s’ouvrira dimanche à Berlin. Alors que les cacaoculteurs et cacaocultrices doivent faire face à une baisse drastique du prix du cacao, les principaux fabricants de chocolat engrangent de juteux bénéfices. La Suisse, qui abrite plusieurs de ces sociétés, doit assumer ses responsabilités.

La chute du prix du cacao depuis l’automne 2016 a aggravé les conditions de travail et de vie déjà précaires des familles de cacaoculteurs et cacaocultrices, tandis que les géants du chocolat en ont profité pour accroître leurs bénéfices. En Côte d’Ivoire, premier producteur mondial, le prix des fèves a accusé en six mois une baisse pouvant allant jusqu’à 35%. Non seulement les maigres revenus tirés de la culture du cacao ne permettent pas aux paysans de couvrir leurs besoins de base, mais leurs exploitations enregistrent de lourdes pertes. Il n’est donc pas étonnant que le nombre d’enfants travaillant sur les plantations dans des conditions abusives soit toujours aussi élevé.

Les fabricants suisses comme Nestlé et Lindt & Sprüngli détiennent plus de 10% du marché mondial du chocolat. Barry Callebaut, premier acheteur mondial de fèves de cacao, a son siège à Zurich. Au cours du premier semestre de l’année fiscale 2017/18, la multinationale a vu son bénéfice augmenter de 37,5% par rapport à l’année précédente. ECOM Agroindustrial, qui se présente comme le numéro 3 mondial dans le négoce de cacao, est aussi domicilié en Suisse.

La Suisse porte donc une grande responsabilité quant aux abus commis dans ce secteur. Pourtant, les solutions proposées pour aborder les problèmes politiques – comme les mécanismes de fixation des prix et les revenus de misère qu’ils engendrent – sont en premier lieu d’ordre technique, notamment des programmes pour augmenter la productivité. Même la Plate-forme suisse du cacao durable, lancée il y a trois mois à l’initiative de l’industrie, de l’administration publique et de quelques représentants de la société civile, ne s’attaque pas suffisamment à ces questions.

Public Eye demande au Conseil fédéral de garantir que l’industrie suisse du cacao respecte les droits humains et l’environnement aussi à l’étranger, et que ces sociétés prennent des mesures concrètes pour assurer un revenu vital aux producteurs.

Plus d’informations ici ou auprès de:
Silvie Lang, responsable Matières premières agricoles, silvie.lang@publiceye.ch, 044 277 79 10
Géraldine Viret, responsable Médias, geraldine.viret@publiceye.ch, 021 620 03 05

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À propos du Baromètre du cacao

Le Baromètre du cacao est publié tous les deux ans par un consortium international d'acteurs de la société civile d'Europe, des États-Unis et d’Australie : ABVV-FGTB/Horval (Belgique), FNV (Pays-Bas), Green America (États-Unis), Hivos (Pays-Bas), Inkota Netzwerk (Allemagne), International Labor Rights Forum (États-Unis), Mondiaal FNV (Pays-Bas), Oxfam (États-Unis, Pays-Bas, Belgique), Public Eye (Suisse), Solidaridad (Pays-Bas), Stop The Traffik (Australie/Pays-Bas), Südwind Institut (Allemagne), UNICEF National Committee (Pays-Bas), et le réseau international VOICE.