Une campagne de financement participatif pour rendre possibles deux «enquêtes en eaux troubles»

Comment les cigarettiers suisses enfument-ils l’Afrique? Quelle est la responsabilité des sociétés helvétiques d’affrètement dans le démantèlement des bateaux en Asie du Sud? Pour fêter ses cinquante ans, Public Eye veut récolter deux fois 15'000 francs pour soutenir des journalistes qui enquêtent sur les pratiques douteuses de sociétés suisses dans les pays pauvres.

En décembre dernier, Public Eye a envoyé un appel à projets aux journalistes et collaborateurs d’ONG du monde entier. Celui-ci a connu un grand succès. Parmi les 55 propositions reçues, notre jury en a choisi deux. Public Eye lance aujourd’hui une campagne de financement participatif sur la plateforme wemakeit afin de rendre possibles ces enquêtes. Car le travail d’investigation est essentiel pour donner une voix aux victimes d’injustices et provoquer des changements indispensables.

Le premier projet proposé est celui de la journaliste indépendante Marie Maurisse (vesper.media), qui s’intéresse aux «recettes secrètes» des géants du tabac installés en Suisse. Chaque année, 28 milliards de cigarettes sont fabriquées dans notre pays, la plupart destinées aux marchés étrangers. La valeur des exportations de cigarettes «Made in Switzerland» représente même l’équivalent de celles du fromage. Il est toutefois difficile d’obtenir des informations sur les stratégies d’expansion et les pratiques des cigarettiers suisses, notamment dans les pays pauvres. Comment Philipp Morris, British American Tobacco ou encore Japan Tobacco réussissent-ils à prospérer en Afrique et à s’imposer auprès des jeunes? Selon l’Organisation mondiale de la santé, le continent africain est déjà asphyxié par l’explosion du tabagisme.

Si le financement de ce premier projet est atteint, nous voulons permettre à Nicola Mulinaris (de l’ONG Shipbreaking Platform) et Gie Goris (MO* Magazine), tous deux basés en Belgique, d’enquêter sur le démantèlement «sauvage» des navires en Asie du Sud. Chaque année, des centaines de porte-conteneurs remplis de substances toxiques sont mis en pièces dans des conditions extrêmes sur les côtes du Bangladesh, de l’Inde et du Pakistan. Bien qu’elle n’ait aucun accès à la mer, la Suisse abrite d’importantes sociétés spécialisées dans l’affrètement. Comment ces compagnies se débarrassent-elles de leurs vieux navires? À quel prix? Ce duo de choc «ONG et média» veut aussi donner la parole aux victimes de cette forme de « colonialisme toxique » dont les conséquences sociales et environnementales sont désastreuses.

Plus d’informations sur la page de notre jubilé ou auprès de:

Géraldine Viret, porte-parole, geraldine.viret@publiceye.ch, 021 620 03 05

P.S.: une soirée spéciale jubilé à ne pas manquer

Le 26 mai, Public Eye célèbrera son 50ème anniversaire autour d’un débat (19:30 à l’Hôtel National, à Berne). Le journaliste de la SRF Sandro Brotz animera une discussion sur «l’avenir de la société civile dans l’économie mondialisée». L’écrivain Lukas Bärfuss, le conseiller national Bastien Girod et la co-présidente du mouvement Operation Libero, Laura Zimmermann, discuteront avec Ineke Zeldenrust, fondatrice de la Campagne Clean Clothes, et Carolijn Terwindt, avocate spécialisée dans les droits humains, dans le cadre d’une table-ronde sur le rôle de «contre-pouvoir», toujours plus central et exigeant, de la société civile dans le contexte actuel de crise de la démocratie et des médias. Le débat portera notamment sur le devoir de dénoncer les dérives du système actuel et de proposer des solutions pour y remédier. Une invitation aux médias suivra bientôt!