Public Eye soutient la loi climat

Public Eye soutient la loi climat en tant que première étape urgente pour une meilleure protection du climat en Suisse et recommande de voter oui le 18 juin. Public Eye partage également l’analyse du GIEC, selon laquelle «il est urgent de prendre des mesures ambitieuses» pour «assurer un avenir vivable pour tous».

Le changement climatique menace la civilisation humaine, des millions de personnes à travers le monde perdent leurs moyens de subsistance et sont contraintes de migrer. Pour faire face à ce risque, l’ONU a approuvé l’Accord de Paris sur le climat en 2015. La Suisse l’a ratifié, aux côtés de plus de 195 États. La loi climat veut que la Suisse atteigne zéro émission de gaz à effet de serre d’ici à 2050.  

Les objectifs de la loi climat ne sont pas suffisants pour honorer l'Accord de Paris et mettre la Suisse sur la bonne voie pour protéger le climat. Mais compte tenu de l’urgence de la crise climatique, des mesures efficaces doivent rapidement être prises. C’est pourquoi Public Eye considère le contre-projet indirect à l’initiative sur les glaciers comme une première étape importante. Des améliorations sont toutefois nécessaires sur le plan législatif, telles que des objectifs plus ambitieux pour les entreprises, des objectifs de réduction avec un rythme plus soutenu et une approche plus contraignante ainsi que des buts intermédiaires, et un financement international pour le climat. 

Quoi qu’en disent de nombreuses personnalités politiques, la Suisse n’est pas un acteur négligeable et figure parmi les grands responsables de la crise climatique. Et ce notamment car le «modèle d’affaires» du pays implique toujours de délocaliser à l’étranger les conséquences négatives de notre prospérité. Bien que sa population et sa surface soient relativement petites, la Suisse compte parmi les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre.

À travers leurs activités à l’étranger, des multinationales domiciliées en Suisse contribuent grandement aux émissions mondiales, et donc à la crise climatique.

Selon l’étude du cabinet de conseil McKinsey intitulée «Klimastandort Schweiz», les émissions de gaz à effet de serre dont sont directement responsables les sociétés domiciliées en Suisse et actives à l’international, ainsi que celles causées par leurs importations, représentent à elles seules sept à dix fois plus que les émissions occasionnées en Suisse.

Prenons l’exemple du négoce de matières premières: d’importants volumes de charbon, pétrole et gaz sont négociés à travers la place suisse. Comme le montre nos recherches, des sociétés suisses sont responsables de 40% du négoce mondial de charbon et extraient chaque année 536 millions de tonnes de cette source d’énergie climaticide. Les émissions de CO2 occasionnées chaque année par l'extraction, le transport et la consommation de ce charbon sont supérieures à celles des États-Unis. 

La méthode habituelle de calcul des émissions de gaz à effet de serre ne reflète donc pas suffisamment la responsabilité de la place helvétique. Or même en les calculant ainsi, les émissions de la Suisse sont déjà nettement trop élevées pour respecter l’engagement de l’Accord de Paris de limiter le réchauffement à 1,5 degré. Si l’on tient compte des facteurs supplémentaires, les multinationales suisses contribuent indirectement à au moins 2 à 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, un chiffre comparable à celui de pays nettement plus grands comme le Brésil, le Japon ou l’Indonésie.

Outre les États et les consommateurs et consommatrices, il faut donc aussi mettre les acteurs privés face à leurs responsabilités dans la crise climatique.

En vertu du principe de justice climatique, la Suisse doit aussi prendre plus de mesures pour assumer les dégâts climatiques et les coûts des mesures d’adaptation au changement climatique.

C'est pourquoi Public Eye partage l’analyse de Veruska Muccione, climatologue auprès des universités de Zurich et de Genève, et autrice principale du sixième rapport de l’ONU sur le climat: «Des transformations systémiques profondes sont nécessaires pour réduire les risques à venir».