Répression violente des mouvements de protestation salariale au Bangladesh

Au Bangladesh, des milliers de travailleurs et travailleuses du textile sont descendus dans la rue pour protester contre la récente réforme du salaire minimum dans le secteur du textile. À Dacca, la capitale, la police a tiré sur la foule avec des balles en caoutchouc et du gaz lacrymogène. Un travailleur est mort et de nombreux autres ont été blessés. Malgré la liberté syndicale très limitée dans le pays, le personnel des usines et les syndicats ont à nouveau manifesté leur mécontentement concernant la révision de la loi.

Les récentes manifestations ont été déclenchées par la réforme du salaire minimum en 2018. Le personnel des usines demandait un salaire minimum de 16 000 Taka (188 CHF). Le gouvernement n’a pas donné son feu vert, et proposé un salaire minimum de 8 000 Taka pour les travailleurs et travailleuses les moins qualifiés de la branche textile. Pour la majorité d’entre eux, cela signifie qu’il n’y aura aucun changement notable. Pour certains niveaux de salaire, les minima n’ont pas augmenté du tout; d’autres critères ont été adaptés. Le paiement des heures supplémentaires, les indemnités et les primes restent cependant calculés sur la base du salaire minimum – qui reste majoritairement inchangé.

Le silence des enseignes de la mode

Pendant le processus de réforme, la Campagne Clean Clothes a appelé les marques et les commerçants à soutenir publiquement un salaire minimum à 16 000 Taka. Certaines marques se sont certes exprimées en faveur d'un processus de réforme équitable, mais aucune n’est allée jusqu’à mentionner une somme spécifique. Elles n'ont pas non plus pris position au sujet de l’annonce et de la mise en œuvre du nouveau salaire minimum, bien en deçà des revendications des travailleur et travailleuses et du montant du salaire vital estimé.

La situation nationale en matière de droit syndical et de droit du travail

Dans les forums internationaux, le gouvernement du Bangladesh a plusieurs fois assuré que la situation des syndicats allait s’améliorer dans le pays, mais les dernières réformes législatives n’ont rien changé ou presque. La liberté de réunion est toujours très limitée, ce qui nuit à la représentation des intérêts des travailleurs et travailleuses. Certains témoignages, qui n'ont pas encore pu être vérifiés, évoquent des tentatives d'intimidation des syndicats et des procès contre les travailleurs et travailleuses ayant manifesté lors de la dernière vague de protestations.

 «La Campagne Clean Clothes condamne fermement la restriction violente du droit de manifester.»

a déclaré Elisabeth Schenk, coordinatrice des appels urgents de la Campagne Clean Clothes en Suisse. «Nous demandons au gouvernement de mettre un terme à la violence et à l’intimidation des personnes et des syndicats et de respecter désormais leurs revendications.»

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