Dans l’attente de chaussures éthiques

« À quoi ressemble la chaussure de vos rêves ? », vous demandait Public Eye en avril 2017. Plusieurs milliers de personnes nous ont répondu, en créant leur chaussure idéale sur shoecreator.ch et en participant au concours pour gagner une paire de chaussures éthiques fabriquée sur mesure pour eux. Nous en avons sélectionné une, et nous sommes attelés à la faire produire dans les conditions les plus justes et équitables possibles.
Et croyez-le, ça n’était pas une mince affaire...
© Public Eye

À la recherche d’artisans !

Les chaussures sont généralement produites en masse. Mais dans notre cas, il nous fallait une seule paire, produite de la façon la plus équitable possible. Nous sommes donc partis à la recherche d’artisans. C’est là que notre route a croisé celle de Torben Fuchs : ce technicien orthopédiste/bandagiste fabrique, depuis peu, des chaussures et des tongs à partir de matériel recyclé. Notre projet lui a plu d’emblée – et nous pouvions lui faire confiance pour produire des chaussures de qualité.

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Une paire sur mesure

La chaussure gagnante sélectionnée, il fallait encore prendre les mesures, afin de déterminer la pointure, la largeur, ainsi que l’agencement de la semelle et des différentes parties. L’empreinte et la mesure orthopédique permettent de s’assurer que les chaussures sont adaptées au pied et dureront longtemps.

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Garder la forme

Une « forme » est une pièce de bois taillée aux dimensions du pied qui sert de modèle pour construire la chaussure. C’est la pièce maîtresse du processus de fabrication. Pour notre chaussure, Torben a taillé lui-même la forme dans une bûche.

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Dans la tannerie

Après notre reportage dans les tanneries italiennes, nous savions à quel point la production de cuir peut être toxique et dangereuse. Pour le cuir de notre chaussure, nous avons fait appel à Jürg Zeller. Sa tannerie, petit commerce familial, se trouve à Steffisburg. C’est la seule tannerie encore en activité en Suisse. Jürg effectue le tannage avec des produits naturels, et il connaît l’origine des bêtes dont il utilise les peaux.

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Sculpture sur pneu

Pour le talon en caoutchouc, Torben a découpé un vieux pneu, qui bénéficie ainsi d’une seconde vie.

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Du cuir, du caoutchouc, et des tas de bonnes choses…

La première semelle de montage se situe entre la partie supérieure de la chaussure et la semelle inférieure. Pour notre chaussure, elle se compose de cuir, de carton, de cire d’abeille et d’un bout d’aile de voiture. Pour que la chaussure ne perde pas sa forme, elle contient des parties synthétiques. Torben en a prélevé deux sur un jerricane en plastique que nous avions utilisé en automne 2016 pour notre campagne Dirty Diesel. Deux autres de ces parties proviennent également de l’aile d’une voiture qui était bonne pour la casse. Les lacets sont quant à eux en fibre de chanvre.

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Et la chaussure fut

De la fabrication du patron aux teintures, en passant par les coutures et d’autres étapes intermédiaires, Torben a fabriqué la chaussure dans un vieil atelier d’orthopédie à Berne. Les machines n’avaient plus servi depuis des lustres, mais elles sont désormais à nouveau en état. Torben se serait volontiers passé de colle chimique, mais les alternatives durables étaient plus difficiles à trouver que prévu.

Terminé!

Et voilà la paire gagnante, en un seul et unique exemplaire. Puisse-t-elle courir, danser, et surtout durer le plus longtemps possible ! Et si des réparations sont nécessaires, Torben et d’autres cordonniers restent bien entendu à disposition…