Syngenta doit retirer son pesticide paraquat

Lausanne, 22.04.2002 - Les travailleurs et les paysans exposés régulièrement au pesticide paraquat, vendu par Syngenta sous le nom de marque de Gramoxone®, souffrent de graves problèmes de santé. Le taux élevé de toxicité et l'absence d'antidote conduisent à de sérieux troubles de santé et même parfois à la mort. La Déclaration de Berne, Foro Emaus, Pesticide Action Network Asie-Pacifique (PAN AP), Pesticide Action Network Royaume-Uni (PAN UK), et la Société Suédoise pour la Protection de la Nature (SSNC), demandent instamment à Syngenta, un jour avant son assemblée générale annuelle, de cesser progressivement la production et l'utilisation de ce dangereux pesticide.

Des bombones sur le dos qui fuient, un épandage volant au gré du vent, de simples promenades à travers la végétation traitée, autant de situations qui exposent fortement les travailleurs qui manient le paraquat, les autres travailleurs et les communautés villageoises. "Quand j'ai commencé à manier les pesticides, j'ai commencé à avoir des maux de tête. ... Quand j'utilisais en particulier Gramoxone®, mon nez coulait. J'avais l'habitude de sentir de fortes douleurs sur le côté gauche du ventre." - "Après l'épandage, j'avais de très forts maux de tête, des nausées, des vertiges et des douleurs dans la poitrine" - témoignent des épandeuses dans des plantations d'huile de palme en Malaisie.

L'herbicide paraquat - un pesticide utilisé pour éliminer les mauvaises herbes - est vendu par Syngenta dans plus de 100 pays. Il est largement utilisé dans les plantations de bananes, de cacao, de café, de coton, d'huile de palme, d'ananas et de sucre de canne, et aussi par les petits paysans. "Paraquat a été critiqué pour ses effets nocifs sur les travailleurs depuis les années soixante. Le fait que Syngenta ait construit une nouvelle unité de production de paraquat en Chine et qu'elle ait l'intention de baser sa croissance future sur ce vieux pesticide dangereux, montrent que sa direction ne tient pas compte des objections et des préoccupations" a déclaré François Meienberg de la Déclaration de Berne.

En mars 2002, des entretiens avec des femmes dans des plantations indonésiennes d'huile de palme confirment les graves conséquences d'une exposition régulière à ce pesticide: vision diminuée, difficultés respiratoires, atteintes à la peau, diarrhées. Elles attribuent ces symptomes au paraquat, qu'elles épandent tous les deux jours. L'étiquette du produit indique comme fabricant "PT Zeneca Agri Products Indonesia", aujourd'hui Syngenta. "Est-ce que Syngenta, la plus grande entreprise agrochimique du monde qui s'enorgueillit de ces principes et de ses mesures de sécurité, peut justifier de continuer la production de paraquat ?" a demandé Barbara Dinham de PAN UK.

Au Costa Rica les épandeurs dans les plantations de bananes utilisent l'équivalent de 65 kg de pesticide par travailleur par année, et les empoisonnements sont courants. Entre 1993 et 1996, selon un programme de label écologique, on a observé une chute de 40% des accidents dus au paraquat: "La raison évidente est qu'une quantité moindre de paraquat a été utilisée en 1996 qu'en 1993", a déclaré Hernan Hermosilla Barrientos de Foro Emaus du Costa Rica. Foro Emaus est membre d’une coalition d’ ONG et de syndicats qui, depuis juin 2000, demande l’interdiction du paraquat dans les plantations de banane en Amérique centrale.

Sept pays européens et quatre pays en développement ont interdit ou sévèrement limité l'usage du paraquat. En Suisse, le paraquat n'est pas admis à la vente. En Suède il est interdit depuis 1983 et l'autorité de régulation suédoise, KEMI, est d'avis que l'utilisation de paraquat n'est pas adéquate, malgré les normes élevées de sécurité dans le pays. "En plus des dommages à la santé, les régulateurs sont préoccupés par le fait que ce produit chimique est persistant et s'accumule dans le sol. Des études montrent que le paraquat a des effets nocifs sur les mammifères, les oiseaux, les poissons et les batraciens. En Suède, nous sommes d'avis que pour l'environnement et la santé, la seule utilisation sûre est l'absence d'utilisation", a déclaré Göran Eklöf de la SSNC.

Un nouveau rapport publié par les cinq ONG montre des alternatives pour contrôler les mauvaises herbes. Il est temps d'agir mondialement et de retirer ce vieux pesticide du marché et d'investir de plus grandes ressources pour développer des produits agricoles qui contribuent à une production sûre, écologique et durable dans le monde.