RFI - Les tests peu éthiques de labos pharmaceutiques internationaux en Egypte

Dans son journal « Afrique Soir », RFI a consacré un sujet à l'enquête réalisée par Public Eye sur les essais cliniques délocalisés en Egypte. Pour beaucoup d’Egyptiens, participer à des essais cliniques est la seule option pour obtenir des médicaments indispensables à leur survie, explique notre partenaire Ayman Sabae, spécialiste en santé publique de l'ONG Egyptian Initiative for Personal Rights.
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(RE)ECOUTER → L'interview de notre partenaire Ayman Sabae, spécialiste en santé publique de l'ONG Egyptian Initiative for Personal Rights, invité de RFI : «Ils deviennent des cobayes à vie pour avoir le traitement».

Après l'Afrique du Sud, l'Egypte est la deuxième destination privilégiée par les multinationales du médicament pour y réaliser des essais cliniques sur le continent africain. C'est ce que révèle une enquête publiée par l'organisation suisse Public Eye, en collaboration avec des ONG locales. A en croire les auteurs, tirant profit de la crise économique et de l'instabilité politique qui prévaut dans le pays depuis 2011, les géants du secteur n'ont aucun mal à y trouver des participants, qui souvent ignorent tout des risques qu'ils encourent.

Nora* vit au Caire, a 60 ans, a perdu son mari et, comme plus de la moitié des Égyptiens, n'a pas d'assurance maladie. Alors lorsqu'en 2013, Nora apprend qu'elle souffre d'un cancer, son médecin lui propose de participer à un essai clinique pour obtenir des médicaments gratuitement. Par nécessité, elle accepte. Le témoignage de Nora est l'un de ceux que l'on peut lire dans le rapport de Public Eye.

L'Egypte présente de nombreux avantages pour les laboratoires, expliquent les auteurs : une population importante, des hôpitaux relativement bien équipés, des chercheurs qui ne coûtent pas trop cher et une législation peu contraignante. Au-delà des risques inhérents à tout essai clinique, les auteurs du rapport relèvent pourtant des dysfonctionnements : des protocoles de recherche non respectés, des laboratoires peu transparents... Sans oublier le fait que, contrairement à ce que préconisent les recommandations internationales, une fois validés, les médicaments testés ne sont pas toujours disponibles à la vente en Egypte, ou bien à des prix exorbitants, y compris pour les malades ayant participé aux tests.

Résultat, à moins de signer pour un nouvel essai, ils sont souvent obligés d'arrêter leur traitement, avec parfois des conséquences graves, puisque plus de la moitié des médicaments testés concernent des traitements de lutte contre le cancer.

*Prénom d'emprunt

PAR RFI, 25 janvier 2017

EN SAVOIR PLUS → le dossier de Public Eye sur les essais cliniques