Négoce agricole La Suisse et le négoce des oranges

Bien que les orangers ne poussent pas sous nos latitudes, la Suisse joue un rôle majeur sur le marché de l’agrume. De puissantes sociétés de négoce y ont leur siège, et ne cessent de développer leurs activités jusque dans l’exploitation des orangeraies. Plaque tournante du négoce mondial de matières premières agricoles, la Suisse a une grande part de responsabilité face aux conditions souvent déplorables dans lesquelles les oranges (mais aussi le coton ou le café) sont cultivées. Ce secteur sensible doit enfin être régulé.
© Marcos Weiske

C’est depuis les rives du Léman que la société Louis Dreyfus Company (LDC), l’une des plus grandes maisons de négoce de matières premières agricoles, pilote ses activités internationales. Connu pour son importance dans le négoce de céréales, de soja, de café, de coton ou encore de sucre, le groupe domicilié à Genève est aussi l’un des trois principaux négociants actifs sur le marché des agrumes, de la culture des oranges au négoce de jus d’orange. Un marché très lucratif dont les recettes se comptent en milliards.

LDC n’est pas le seul poids lourd du négoce agricole à ­gérer ses affaires internationales depuis la Suisse. Cargill, ADM, Bunge, Cofco, ou encore Glencore sont également actives, et ce presque exclusivement à travers le commerce de transit, soit sans que les biens n’y soient physiquement importés ou exportés. Notre rapport «Agricultural Commodity Traders in Switzerland. Benefitting from Misery?», publié en juin 2019, faisait la lumière sur ce secteur opaque, qui a élu domicile en Suisse pour profiter de ses avantages fiscaux et de l’absence de réglementation du négoce de matières premières. Selon nos estimations (faute de chiffres officiels sur les parts de marché), au moins la moitié des céréales, 40% du sucre, un tiers des fèves de cacao et de café, 25% du coton et 15% du jus d’orange commercialisés dans le monde le sont par des négociants domiciliés en Suisse.

Louis Dreyfus Company: une gigantesque entreprise familiale

Louis Dreyfus Company (LDC) est une multinationale enregistrée à Rotterdam, aux Pays-Bas, dont le siège opérationnel est domicilié à Genève. C’est de là qu’elle pilote son négoce d’oléagineux, de céréales, de riz, de café, de coton, de sucre et de jus, ainsi que ses activités de fret et ses opérations financières. Avec 33 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2019, LDC est le numéro quatre mondial dans le négoce et la transformation de produits agricoles après Cargill, ADM et Bunge. Selon ses propres indications, le groupe produit, transforme et transporte environ 80 millions de tonnes de produits agricoles chaque année, emploie quelque 18 000 personnes à travers le monde et est actif dans plus de 100 pays.

Fondée en 1851, l’entreprise familiale est aujourd’hui aux mains de Margarita Louis-Dreyfus. La Suissesse d’adoption préside le conseil d’administration du groupe depuis 2011. À sa mort en 2009, son mari Robert Louis-Dreyfus lui a légué 61% des parts de LDC à partager avec leurs enfants, à qui Margarita a successivement racheté les parts du groupe. Elle détient aujourd’hui 96,6 % de la société. Pour le rachat de la dernière tranche de 16,6% en 2019, elle a reçu de Credit Suisse un prêt de 1,03 milliard de dollars, mais elle a dû mettre en gage ses parts dans la holding.

La dangereuse concentration du marché

Dans le secteur de l’agroalimentaire, la concentration du pouvoir entre une poignée d’acteurs ne concerne pas que le négoce de produits agricoles. On observe le même phénomène de concentration à toutes les étapes de la chaîne de création valeur, de la production à la transformation. Dans la production du jus d’orange par exemple, trois sociétés seulement – le géant suisse du négoce LDC et les sociétés brésiliennes Sucocitrico Cutrale et Citrosuco – se partagent environ les trois quarts du marché mondial

Cette concentration est particulièrement visible au Brésil, principal producteur d’oranges. Depuis les années 1980, les grandes sociétés rachètent des sites de transformation et excluent de plus en plus du marché les petits producteurs. L’association brésilienne des producteurs d’orange, Associtrus, estime que, depuis le début des années 1990, plus de 20 000 exploitations agricoles ont dû renoncer à la culture d’oranges à jus car celle-ci n’était plus rentable. Leur nombre est passé de 30 000 à seulement 7 000 environ aujourd’hui.

Trois géants dominent le marché et sont en mesure de faire pencher les conditions-cadres en leur faveur, tant dans les pays producteurs que dans ceux qui abritent leur siège.

Elles exercent aussi une forte influence sur les prix. À la différence des nombreux petits producteurs, elles peuvent fixer le prix d’achat des oranges à un niveau très bas, parfois même en dessous des coûts de production.

© Marcos Weiske

Pour Flávio Viegas, cela ne fait aucun doute: «Les cueilleurs vivent moins bien aujourd’hui qu’il y a vingt ans.» Ce n’est pas un syndicaliste qui le dit, mais le président d’Associtrus, la faitière des petits et moyens producteurs d’oranges. La faute, selon lui, à «ceux qui, dans l’industrie, ne se font plus concurrence».

Le cartel du jus d’orange

En 1999, l’autorité antitrust brésilienne a ouvert une enquête sur l'industrie du jus d’orange. Sur le banc des accusés : Cutrale, Citrovita (aujourd’hui Citrosuco), Coinbra Frutesp (rachetée depuis par LDC), Cargill, Fischer, Bascitrus, l’association industrielle de l’époque, Abecitrus, et neuf autres personnes – toutes accusées d’avoir conclu des accords secrets pour maintenir les prix d’achat au plus bas. La procédure a été réglée en 2016, après que les sociétés ont admis les torts et versé 301 millions de réaux (54 millions de francs) dans un fonds.

En dépit de cette condamnation, les géants du jus d’orange continuent d’imposer leur loi. Pour de nombreux producteurs indépendants, «le cartel continue de fonctionner»: la plupart des noms de sociétés ont disparu, et le marché s’est réorganisé autour de Cutrale, Citrosuco et LDC. Les trois géants ont uni leurs forces en 2009 au sein de l'association d’exportation Citrus BR, qui indique sur son site internet que son but principal est de «défendre les objectifs communs des sociétés exportatrices d’agrumes à l’échelle nationale et internationale», notamment par «la surveillance des enjeux commerciaux», «la lutte contre les barrières commerciales» ou encore en «la promotion de l’image du secteur».

En septembre 2019, l’association brésilienne des producteurs d’oranges Associtrus a déposé plainte auprès d’une cour londonienne, afin de faire valoir les droits des quelque 500 producteurs indépendants qu’elle représente. La faîtière réclame plus de trois milliards de réaux de compensation (540 millions de francs) pour les dommages subis par ses membres en raison des manipulations de prix. La procédure est en cours.

«De la ferme à l’assiette»

Au-delà de cette concentration, le commerce du jus d’orange est également touché par une «intégration verticale» de plus en plus forte, comme c’est le cas pour d’autres matières premières agricoles, telles que le cacao, le café, les céréales ou le soja. Les grandes sociétés ne jouent plus simplement un rôle de négociants, mais elles étendent leurs activités et leur influence jusque dans la culture des matières premières. Elles peuvent ainsi avoir une grande influence sur les conditions de production et de fabrication tout au long de la chaîne de création de valeur, de la culture des oranges dans les plantations jusqu’au conditionnement du jus, en passant par sa production. Concrètement, elles décident des conditions de culture, de récolte, de transformation, de négoce et de distribution.

Le secteur s’est longtemps présenté comme un simple lien entre les producteurs (agricoles) et les transformateurs (fabricants d’aliments, denrées et fourrage), qui se contentait d’acheter et de transporter des marchandises pour le compte de clients. Cette image est aujourd’hui très loin de la réalité.

De purs négociants, les sociétés de négoce agricole sont devenues des « gestionnaires des chaînes mondiales de création de valeur».

En plus de leurs propres plantations, nombre d’entre elles possèdent leur propre flotte de navires et certaines génèrent un chiffre d’affaires plus important en produisant des aliments ou du fourrage qu’à travers leurs activités de négoce. Cette intégration verticale se fait même ressentir dans les slogans des sociétés. LDC se targue, par exemple, d’offrir ses services «de la ferme à l’assiette». Avec ses propres plantations, infrastructures de stockage, usines de transformation, terminaux portuaires et paquebots, LDC est effectivement présente tout au long de la chaîne de valeur.

La chaîne de création de valeur du jus d'orange: LDC est présent à chaque étape (cliquez sur l'image pour l'agrandir).

Cette intégration est particulièrement évidente dans le cas du jus d’orange: LDC est propriétaire de 38 plantations d’agrumes au Brésil, pour un total de plus de 25 000 hectares. Elle détient trois usines de transformation des oranges en concentré ou en jus. Elle emploie plus de 8000 personnes sur les plantations et usines brésiliennes, et elle possède des terminaux portuaires pour le stockage du jus à Santos au Brésil et à Gand en Belgique, ainsi que trois navires pour son transport.

Selon les exigences de ses clients, LDC leur livre directement le jus frais ou le concentré, ou après l’avoir transformé à Gand – en mélangeant diverses qualités, ou en ajoutant de la pulpe d’orange ou d’autres jus de fruits. La société commercialise plus de 30 produits citriques à plus de 400 clients dans 70 pays. La palette de produits de LDC va du concentré de jus d’orange congelé aux produits dérivés comme des huiles, des arômes ou des écorces séchées (dont l’industrie agroalimentaire extrait la pectine) en passant par le jus de citron ou les granulés de pulpe (destinés à la production de fourrage).

© Luckin Coffee

La stratégie de LDC consiste par ailleurs à sceller des partenariats plus proches du consommateur final avec d’autres grands acteurs de l’industrie agroalimentaire commercialisant leurs propres marques. À l’image de la joint-venture fondée en 2019 avec la chaîne de cafés chinoise Luckin Coffee, afin de commercialiser du jus d’orange, de citron et de pomme dans les filiales du «Starbucks chinois».

© Marcos Weiske

Des millions de petits producteurs, une poignée de puissants acheteurs

L’extension verticale des activités des négociants agricoles explique le grand déséquilibre des rapports de force dans le secteur de l’agroalimentaire. Des millions de petites exploitations sont directement confrontées à une poignée de puissantes sociétés qui progressent dans les étapes de la production.

Grâce au renforcement de leur présence dans l’exploitation agricole, ces sociétés ont un accès direct aux matières premières et peuvent exercer un plus grand contrôle sur les conditions de production et les prix. Et ce non seulement dans leurs propres exploitations, mais également dans celles qu’elles contrôlent de facto grâce à leur mainmise sur le marché, comme le montre l’exemple des oranges. Ces fruits ne pouvant pas être stockés très longtemps, les producteurs indépendants doivent souvent se plier aux conditions dictées par les acheteurs. Pour éviter que les denrées ne périssent dans les entrepôts et de perdre toute la recette, ils doivent à certaines périodes accepter des prix très bas. À l’inverse, cela signifie que:

Plus les sociétés de négoce se développent dans la culture des matières premières agricoles, plus grande est leur responsabilité dans les conditions de production et les abus.

La production du jus d’orange

Chaque année, quelque 50 millions de tonnes d’oranges sont récoltées à travers le monde. Leur production se concentre principalement dans les régions tropicales et subtropicales autour de l’équateur, une zone communément appelée «ceinture d’agrumes». Le principal pays producteur est le Brésil, avec 15 millions de tonnes par an, suivi de la Chine, avec 7 millions de tonnes environ, et de l’Union européenne (UE), avec plus de 5 millions de tonnes.

Plus de 40% des oranges récoltées sont transformées en jus, principalement sous forme de concentré; cette proportion s’élève à quelque 65% au Brésil. À la différence de la Chine et de l’UE, le Brésil s’est spécialisé dans la transformation et l’exportation de jus d’orange, et détient une part de marché de 80% sur les exportations. Le Mexique et l’UE sont respectivement les 2e et 3e exportateurs de jus d’orange, tandis

Congelé et concentré

Il existe de très nombreuses variétés d’oranges, dont seules certaines se prêtent à la production de jus. La plupart des producteurs cultivent plusieurs variétés qui arrivent à maturité à des périodes différentes afin de pouvoir, autant que possible, assurer un approvisionnement tout au long de l’année. Pour produire du concentré de jus d’orange, on extrait tout d’abord du jus frais les arômes puis l’eau, jusqu’à obtenir environ un sixième du volume initial. Le concentré est ensuite congelé pour son stockage et son transport.

Ensuite, on lui rajoute de l’eau, des essences et éventuellement de la pulpe. Cette étape est réalisée par les «embouteilleurs» des grands producteurs de boissons ou de plus petits producteurs de jus de fruits. Ils achètent généralement le concentré auprès de plusieurs grands négociants (LDC, Cutrale ou Citrosuco), sauf pour les grands producteurs de boissons, comme Coca-Cola ou Pepsi, qui ont souvent un fournisseur principal. Outre ce type d’achat direct, le concentré de jus d’orange congelé s’échange aussi sur les bourses agricoles.

Les embouteilleurs fournissent enfin le jus aux détaillants, qui le vendent en tant que produit de marque ou sous leur propre nom. L’Union européenne est le numéro un en termes de consommation de jus d’orange par habitant, suivie des États-Unis. Si cette boisson avait perdu un peu de son attrait ces dernières années en raison de critiques croissantes sur sa forte teneur en sucre, elle a rapidement regagné du terrain lors de la crise du Covid-19 grâce à la vitamine C qu’elle contient et son influence présumée po­­sitive sur le système immunitaire. En conséquence de cette augmentation de la demande alliée à une réduction de l’offre causée par le Covid-19, les prix ont bondi sur les marchés boursiers en avril 2020.

Une grande opacité

En 2019, environ 56 millions de litres de jus d’orange ont été achetés en Suisse, ce qui représente quelque 6,5 litres par personne. Il est quasiment impossible de savoir d’où provient ce jus. Plusieurs marques n’indiquent même pas le pays d’origine des oranges sur leur emballage, tandis que d’autres en listent plusieurs. Les distributeurs Migros et Coop ne donnent aucune information sur l’éventuelle implication de l’un des trois grands négociants, Citrosuco, Cutrale et LDC, dans la fabrication ou la commercialisation du jus qu’ils distribuent. L’origine des oranges est uniquement communiquée, sur demande, pour les jus bio ou issus du commerce équitable.

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La récolte des oranges, à la main, est un travail épuisant.

Violations des droits humains et du travail

Comme pour de nombreuses autres matières premières agricoles, la production des oranges est gourmande en main-d’œuvre. Si l’entretien des terres et des arbres est mécanisé sur les grandes plantations, les fruits sont habituellement récoltés à la main: un travail éprouvant qui est souvent exécuté sous un soleil de plomb, ou même sous des trombes de pluies. Les travailleuses et travailleurs cueillent les oranges et les entassent dans des sacs qu’ils transportent jusqu’au point de collecte. Lors de la récolte, le risque de blessure est grand, que ce soit en chutant d’une échelle, en se coupant avec les épines des orangers, en trébuchant dans les trous de terrier des tatous, ou en se faisant mordre par un serpent. À cela s’ajoutent les intoxications aux pesticides (les monocultures d’oranges sont particulièrement sujettes aux maladies et nuisibles, et des pesticides sont employés en très grande quantité dans les plantations) car les équipements de protection et les formations correspondantes sont rares.

Dans le secteur agricole, des millions de personnes travaillent dans des conditions déplorables et au péril de leur santé, pour un salaire de misère.

Le salaire est généralement composé d’une part fixe et d’une portion calculée en fonction de la productivité. Avec un peu de chance, on peut ainsi atteindre le salaire minimum légal (sachant que celui-ci est loin d’être suffisant pour vivre), mais cela n’est souvent pas le cas. En d’autres termes, il s’agit d’une violation du droit du travail brésilien et des droits humains.

Le secteur des agrumes est symptomatique de problèmes systémiques qui gangrènent la culture de matières premières agricoles. Des millions de personnes travaillent dans des conditions déplorables, sans gagner suffisamment pour vivre dans la dignité. L’agriculture est également un secteur à risque en matière de travail forcé, qui concernait plus de deux millions de personnes en 2016 selon l’Organisation internationale du travail (OIT), et de travail des enfants. L’OIT estime que 108 millions d’enfants travaillent dans l’agriculture dans des conditions abusives. Les risques sanitaires sont également très élevé: toujours selon les estimations de l’OIT, on compterait chaque année 170 000 décès dans le cadre du travail agricole et des millions de blessures graves ou de maladies, souvent en lien avec l’épandage de pesticides parfois extrêmement dangereux.

Les conflits territoriaux sont un autre problème très répandu et lié à l’acquisition de grandes parcelles pour la culture du soja, du palmier à huile ou de la canne à sucre. Le secteur agricole est de loin la plus importante cause de déforestation. En Amazonie, il est responsable de 80% de la déforestation, en particulier pour l’élevage et la culture de soja, selon une étude commanditée par The Dialogue, un réseau de promotion de la justice sociale en Amérique latine.

Le négoce de matières premières agricoles est également entaché de corruption, de délits fiscaux et d’affaires avec des personnes exposées politiquement (PEP). Comme par exemple la manipulation des prix de transfert au sein d’une multinationale, ou «transfer pricing», afin de déplacer artificiellement ses revenus imposables. À l’image d’une récente affaire de l’industrie de l’orange: en 2019, environ 85% du jus d’orange exporté depuis le Brésil a été vendu à des sociétés du même groupe à l’étranger, pour un prix de transfert jusqu’à 30% inférieur au prix du marché. Les autorités fiscales du pays estiment que le manque à gagner pour les finances publiques dans le secteur des agrumes s’élève à plus de 450 millions de dollars sur les cinq dernières années.

La principale cause de ces abus largement répandus: le déséquilibre de pouvoir entre les géants du négoce agricole et les petits producteurs.

Le pouvoir disproportionné des multinationales renforce les disparités d’un système qui favorise les géants de la production agricole aux dépens des millions de personnes actives dans la production.

Nos revendications: plus de transparence et une réglementation du secteur

Les puissantes sociétés de négoce ont une forte influence sur les conditions de production des matières premières agricoles. Elles doivent assumer leurs responsabilité et prendre enfin des mesures pour garantir le respect des droits humains à toutes les étapes de leurs chaînes d’approvisionnement.

Face aux abus et aux violations des droits humains perpétrés dans la production de matières premières agricoles, en particulier dans le secteur des oranges au Brésil, Public Eye demande à LDC et aux autres sociétés de négoce agricole:

  • plus de transparence sur l'ensemble de leurs chaînes d’approvisionnement, notamment en publiant la liste des fournisseurs pour garantir la traçabilité des matières premières;
  • le respect des droits humains et du travail reconnus au niveau international dans la production des matières premières agricoles, en particulier chez les fournisseurs;
  • la formalisation des relations de travail afin de garantir un minimum de sécurité juridique à tous les travailleurs et toutes les travailleuses sur les chaînes d’approvisionnement;
  • la garantie d’une protection harmonisée à l’échelle nationale à tous les travailleurs et travailleuses par le biais de conventions collectives avec divers syndicats;
  • de s’assurer que tous les travailleurs et travailleuses perçoivent au moins le salaire minimum légal, et ce indépendamment de la productivité;
  • la garantie d’une protection de la santé des travailleurs et travailleuses, avec la mise à disposition gratuite d’équipements de protection et une formation à leur bonne utilisation;
  • un engagement officiel à ce que tous les travailleurs et travailleuses perçoivent à moyen terme un salaire vital, et la participation au calcul d’une valeur de référence pour le salaire vital sur l’ensemble du secteur, avec plan de mise en œuvre assorti d’un calendrier et de délais de mise en œuvre.

En tant que pays hôte de sociétés de négoce agricole, la Suisse a aussi une responsabilité à assumer. Public Eye demande au gouvernement et au Parlement suisses:

  • de garantir la transparence dans le négoce de matières premières, notamment par la publication régulière de données statistiques pertinentes et complètes allant au-delà du nombre d’entreprises et de leurs effectifs;
  • de s’assurer, par le biais d’une réglementation contraignante, que les négociants en matières premières domiciliés en Suisse respectent les droits humains et appliquent le devoir de diligence raisonnable en matière de droits humains et d’environnement prévu par les Principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme;
  • de garantir aux victimes de violations de droits humains par des négociants agricoles domiciliés en Suisse un accès à des mécanismes de recours judiciaires et extrajudiciaires en Suisse;
  • de prendre des mesures pour lutter contre les conséquences négatives de la concentration du marché et les abus de position dominante en matière de concurrence, causées par les pratiques des négociants agricoles domiciliés en Suisse.

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